La gestion des ressources humaines est un grand défi pour les entreprises au Québec, alors que la main-d'oeuvre se fait rare. C'est particulièrement vrai pour les PME qui n'ont pas les moyens financiers des grandes entreprises pour attirer les meilleurs candidats. Les dirigeants de PME ne peuvent faire autrement que d'adapter leurs pratiques de gestion afin de recruter et de retenir leurs employés.

Alors que les travailleurs cherchent de plus en plus de flexibilité dans leur travail, les dirigeants de PME doivent s'adapter. Et ils le font. Plus de 90 % des PME au Québec offrent au moins une mesure de conciliation travail-vie personnelle, d'après un récent sondage de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI). En tête des mesures offertes, on trouve la flexibilité dans le choix des vacances, des congés non rémunérés pour les obligations personnelles, la flexibilité dans les horaires de travail et la possibilité de faire du temps partiel.

« C'est un défi d'implanter des mesures lorsqu'on est seulement quelques employés, parce qu'un réaménagement du temps de travail d'un employé a un impact sur celui de tous les autres, mais il est possible de trouver des solutions en tenant compte des réalités du milieu de travail », affirme Martine Hébert, vice-présidente principale de la FCEI, le plus grand regroupement de PME du Canada, qui compte 109 000 membres, dont 24 000 au Québec.

Alors que les ressources humaines sont souvent gérées directement par le dirigeant qui a aussi bien d'autres responsabilités, la PME peut souffrir d'un manque d'expertise.

« Pour être à l'affût des meilleures pratiques en ressources humaines, nous poussons les dirigeants de PME à se faire accompagner par des experts », affirme Mme Hébert.

REVOIR SON RECRUTEMENT

Les PME qui n'ont pas de service de ressources humaines auraient aussi souvent besoin de revoir leurs pratiques de recrutement, d'après Yves Plourde, coach de dirigeants à l'École d'entrepreneurship de Beauce. Il est convaincu que les dirigeants d'entreprise auraient avantage à acquérir quelques compétences en psychométrie.

« Ainsi, ils seraient en mesure de réaliser un profil de personnalité recherché pour le poste, par exemple quelqu'un d'axé sur les résultats avec un rythme de travail rapide et un souci du détail », indique M. Plourde. 

« Une fois qu'on sait précisément ce qu'on cherche, on peut faire passer des tests psychométriques aux candidats pour trouver ceux qui ont la personnalité recherchée. »

- Yves Plourde, coach de dirigeants, École d'entrepreneurship de Beauce

« Ensuite, on regarde les compétences et l'expérience. Sinon, on risque d'embaucher quelqu'un qui travaillera à l'envers de sa personnalité et qui risquera de s'épuiser rapidement. »

DÉLÉGUER DES RESPONSABILITÉS

L'un des avantages pour les PME en matière d'attraction et de rétention de main-d'oeuvre, c'est la faible hiérarchie.

« Contrairement à la grande entreprise, les employés ont un accès direct au président, ils peuvent contribuer à la prise de décision et toucher à différentes facettes de l'organisation », indique Martine Hébert.

Toutefois, Yves Plourde constate que plusieurs dirigeants ne délèguent pas suffisamment de responsabilités à leurs employés.

« Les jeunes veulent des responsabilités pour sentir qu'ils jouent un rôle dans le succès de l'entreprise, explique-t-il. Ils cherchent la reconnaissance plutôt que la sécurité, comme c'était le cas avec les générations précédentes. Si on ne leur donne pas de responsabilités, ils partent. »

Déléguer des responsabilités permet aussi de développer une intelligence décisionnelle autour du dirigeant.

« C'est ce qui permettra aux PME de prendre de l'expansion, affirme M. Plourde. Les dirigeants qui réussiront cette évolution seront plus en mesure d'attirer et retenir une main-d'oeuvre de qualité. C'est le grand enjeu des prochaines années qui permettra aux PME de devenir vraiment concurrentielles sur les marchés. »

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Les PME qui n'ont pas de service de ressources humaines auraient souvent besoin de revoir leurs pratiques de recrutement, d'après Yves Plourde, coach de dirigeants à l'École d'entrepreneurship de Beauce.