La croissance économique stimule le camionnage, mais l'économie est anémique. Plutôt que de concentrer ses efforts sur le transport, le Groupe Robert mise donc cette année sur ses activités d'entreposage, qui pourraient croître de 12 à 15 %. Voici comment sa capacité d'adaptation contribue à son succès.

Diversifier ses services

Le camionnage est un baromètre de l'économie, explique le PDG Michel Robert. La partie intra-Canada de ses activités de transport étant stable, il ne prévoit pas de grande croissance dans cette division d'affaires.

« Mais tous les secteurs ne peuvent pas être dépressifs en même temps », analyse-t-il.

La solution : être à l'écoute des secteurs porteurs.

C'est pourquoi il développe actuellement ses activités d'entreposage, qui représentent déjà 20 % de son chiffre d'affaires.

L'entreprise vient par exemple de commencer à exploiter un entrepôt de 250 000 pi2, à Montréal, pour un fabricant américain de produits alimentaires.

Réaffecter ses actifs

Dans sa division de transport, le Groupe Robert doit aussi savoir s'adapter.

« Il y a deux ans, le secteur minier était fort, dit Michel Robert. Aujourd'hui, il ne reste plus rien. »

L'avantage, dans le camionnage, c'est que les actifs ont des roues. Lorsqu'un secteur économique amorce son déclin au profit d'un autre, on peut donc réaffecter son capital là où se trouvent les occasions d'affaires.

Le Groupe Robert a su tirer profit de cet avantage en se réorientant vers le transport de vrac, comme des matières premières destinées à des usines.

Écouter le client

Au fil des ans, le Groupe Robert a grandi par acquisitions. Mais selon Michel Robert, l'entreprise a réellement progressé en raison de sa capacité à s'adapter aux besoins de ses clients.

L'entreprise a ainsi lancé beaucoup de nouveaux services au cours des années, des changements qui ont souvent été faits pour répondre à un besoin exprimé par un client.

« Mon père Claude ­ - qui a dirigé l'entreprise jusqu'à l'automne 2014 - introduisait par exemple de nouveaux services et des pièces d'équipement uniques et adaptées à nos clients », dit Michel Robert.

Se remettre en question

Dans le transport, la compétition est féroce. Les clients veulent que la marchandise soit livrée et reçue plus rapidement, à meilleur prix.

« Si on ne change pas nos vieux paradigmes, on est appelés à disparaître, dit Michel Robert. On veut éviter que ça se produise, alors on doit se remettre en question. »

Soutenir l'équipe

Changer, c'est parfois difficile. Ça amène de l'insécurité.

Comment gérer le changement ? « Il faut communiquer, former le personnel et expliquer pourquoi on change », répond Michel Robert.

Cette année, son entreprise a implanté SAP, un progiciel de gestion intégré, et Manhattan, un système de gestion d'inventaire. Les anciens systèmes freinaient la croissance.

L'implantation de Manhattan a été très, très difficile dans le premier entrepôt, mais s'est déroulée comme sur des roulettes dans le second.

Pourquoi cette différence ? « On a mieux préparé les gens. Après quelques mois, ils ne retourneraient pas en arrière. »

Gagnant-gagnant

Lorsqu'un changement s'annonce, l'employé voudra savoir ce qu'il en retirera, dit Michel Robert. Il faut le lui expliquer.

Auparavant, par exemple, trois chauffeurs pouvaient se succéder derrière le volant pour une livraison Toronto-Gaspé. Pas parce qu'il y avait une raison consciente de le faire ainsi, mais parce qu'une habitude justifiée au départ par des considérations pratiques s'est tranquillement cristallisée en règle interne.

Un changement s'imposait. Le trajet sera maintenant réalisé par un seul chauffeur, qui fera plus de kilométrage, maximisant ainsi sa paie. Le client, lui, aura sa marchandise plus rapidement.

Les remises en question, c'est souvent gagnant-gagnant.

Changer ses vieilles habitudes

Une entreprise est, selon Michel Robert, un peu comme une personne.

À cinq ans, elle n'a pas encore eu le temps de développer de manies ou de mauvaises habitudes. À 55 ans, c'est une autre histoire. « À cet âge-là, tu as développé un paquet d'habitudes, dit-il. Et elles ne sont pas toujours bonnes. »

Pour s'adapter aux besoins du client et du consommateur, qui évoluent constamment, une entreprise doit donc être prête à changer ses façons de travailler. « Même à 70 ans, on continue de questionner nos façons de faire. »

Le Groupe Robert en bref

Fondé en 1946

350-400 millions : chiffre d'affaires annuel

3 500 000 : pieds carrés pour l'entreposage et la distribution

3300 : employés

3200 : remorques

1100 : tracteurs

41 : terminaux et centres de distribution