Le Groupe Germain aimerait ouvrir un premier établissement à Edmonton et un second hôtel Alt à Toronto. Rien n'est signé, mais la direction croit avoir de bonnes prises au bout de la ligne et aimerait pouvoir conclure une entente avant la fin de l'année.

Les coprésidents de l'entreprise familiale de Québec, Christiane et Jean-Yves Germain, pourraient bien surprendre le marché de nouveau. Car s'ils ne sont pas cartomanciens, ils ont certainement un don pour voir dans l'avenir.

« On doit avoir un bon pif ! », dit Jean-Yves Germain.

Son truc ?

« On essaie toujours de faire partie de l'avenir du marché, d'être à la place en devenir. »

À Montréal, par exemple, l'entreprise a choisi il y a cinq ans de s'établir dans Griffintown, une partie de la ville que certains journalistes avaient qualifiée de « quartier oublié » et de « cicatrice dans la métropole » à peine quelques années plus tôt.

« C'était abandonné, dit Jean-Yves Germain. On passait pour des fous, mais aujourd'hui, tout le monde veut être là. »

À Calgary, c'est un peu la même histoire. Quand le Groupe Germain a décidé de s'y installer en 2008, la direction s'est fait dire à répétition qu'ils étaient trop loin du centre-ville, trop à l'est.

Aujourd'hui, l'hôtel se trouve dans le quartier qui est devenu le coeur de la ville. Le plus haut gratte-ciel de Calgary, The Bow, a poussé quelques années plus tard dans la même rue, trois blocs plus loin.

L'hôtel de Winnipeg ? C'est pareil. Idem à Ottawa.

« Jusqu'à présent, nous ne nous sommes pas trop trompés dans les villes et les emplacements que l'on a choisis. » - Jean-Yves Germain, coprésident du Groupe Germain

Mais savoir lire le marché ne sert à rien si on manque de patience.

Pour le Groupe Germain, cette vertu devient un réel avantage quand vient le moment d'entrer dans un nouveau marché hors du Québec, car les clients ne connaissent pas encore l'entreprise. Ils sont donc plus hésitants à se rendre dans ses établissements.

Patience rime aussi parfois avec résilience. « À Winnipeg et à Calgary, le départ était difficile, dit Jean-Yves Germain. On a dû se donner du temps pour se faire connaître. »

Mais la stratégie a fonctionné : l'entreprise est maintenant un leader dans le marché à Calgary.

Des Gaulois

Aujourd'hui, le chiffre d'affaires du Groupe Germain s'élève à 105 millions de dollars. Entre 2014 et 2015, il a augmenté de 20 %. Pour en arriver là, le Groupe Germain a dû s'adapter au marché. « On est les Gaulois, dit le coprésident. On n'a pas le choix de faire les choses différemment. »

L'entreprise n'offre pas, par exemple, de programme de fidélité comme ses compétiteurs, des géants comme Holiday Inn, Starwood et Marriott.

« On n'a pas la machine pour supporter ça », dit Jean-Yves Germain.

L'entreprise présente par contre un design moderne, moins traditionnel que les autres acteurs.

Dans les hôtels Alt, les clients peuvent aussi s'attendre à un prix fixe à l'année. Pas de grands prix durant le Grand Prix. C'est une manière de cultiver la loyauté des clients.

« On est la seule bannière au Canada qui travaille de cette manière-là », affirme Jean-Yves Germain.

De 12 hôtels pour l'instant, l'entreprise prévoit passer à une vingtaine en 2018-2019.

Ça fera beaucoup d'investissements, puisque chaque établissement coûte entre 30 et 40 millions à construire.

En avril, l'hôtel Alt d'Ottawa ouvrira ses portes. En janvier 2017, ce sera le tour du Alt de St. John's, à Terre-Neuve, suivi du second Alt de Calgary en mars. À l'automne de la même année, l'hôtel Le Germain d'Ottawa devrait aussi ouvrir ses portes alors qu'en décembre, l'hôtel Alt de Saskatoon accueillera en principe ses premiers visiteurs.

Et bien que l'Ouest canadien soit frappé par un ralentissement de l'économie en raison des difficultés du secteur des ressources naturelles, la direction ne baisse pas les bras.

« C'est un peu décourageant, quand on regarde ça à court terme, mais c'est un cycle », précise Jean-Yves Germain.

À long terme, il est convaincu que les marchés repartiront. Si sa performance passée en termes de lecture du marché est indicatrice de sa capacité à voir l'avenir, cette prédiction laisse présager des affaires d'or pour l'entreprise québécoise.

« Si on veut être là quand ça va être bon, il faut construire. »

Le Groupe Germain en bref

Employés : 800

Fondé en : 1988

Nombre d'hôtels au pays :

2012-2013 : 6

2016 : 12

2018-2019 : 20