Les gisements de phosphore, minéral indispensable pour la production d'engrais en agriculture, s'épuisent. Devant ce constat, James Bambara, doctorant en génie à l'Université Concordia, a entrepris des recherches afin de mieux utiliser le digestat, un des deux résidus de la méthanisation des déchets, avec le biogaz. Il veut se servir de ce sous-produit riche en phosphore pour alimenter les serres.

«En ce moment, on récupère le digestat pour le répandre comme engrais, notamment pour le gazon du bétail. Avec les problèmes de pollution qu'on connaît, ça ne répond pas aux besoins du futur», affirme le chercheur de 28 ans, deux fois lauréat de la prestigieuse bourse du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.

Alors que Montréal s'apprête à implanter quatre centres de compostage et de biométhanisation, qui traiteront les déchets organiques pour en tirer du biogaz, aucune stratégie durable n'est prévue pour réutiliser le digestat. Pourquoi ne pas construire aussi à ces endroits des serres, alimentées par l'énergie et l'engrais provenant de la méthanisation, pour développer l'agriculture maraîchère locale?

Environnement

C'est la question qui occupe ces jours-ci les recherches de James Bambara, sous la direction du professeur Andreas Athienitis. Détenteur d'un baccalauréat et d'une maîtrise en génie du bâtiment à Concordia, le jeune chercheur a «toujours su» qu'il voulait s'orienter vers l'environnement. «Je voulais trouver des solutions. J'adore la terre et l'agriculture, et je trouvais dommage qu'on jette tous nos déchets organiques et nutriments dans les poubelles», explique-t-il.

Après son doctorat, James Bambara espère continuer à faire de la recherche, tout en mettant au point de nouveaux systèmes pour les villes et les communautés, notamment avec sa propre entreprise, lancée en 2011. Néanmoins, l'agriculture durable - par l'entremise d'un meilleur traitement des déchets organiques - restera toujours son cheval de bataille.

À long terme, il entrevoit même un système rentable. «Avec la hausse imminente du coût de l'engrais, lance-t-il, il se peut qu'un jour, on nous paie pour nous débarrasser de nos déchets organiques.»