Le Québec est un des endroits en Amérique du Nord où il se crée le moins d'entreprises. La bonne nouvelle, c'est que les choses seraient en train de changer grâce à différentes initiatives.

Polytechnique Montréal et l'École de technologie supérieure (ETS), par exemple, ne ménagent aucun effort pour que les finissants en génie mettent sur pied de nouvelles entreprises. Une bonne idée peut-elle donner naissance à une entreprise? Absolument.

«L'entrepreneuriat, c'est une priorité pour nous. On considère que les étudiants en génie constituent un bassin exceptionnel pour créer des entreprises», explique Gilles Savard, directeur de la recherche et de l'innovation à Polytechnique Montréal.

La Poly s'intéresse à la création d'entreprises depuis plusieurs années. En fait foi une kyrielle de services et de programmes. L'école de génie offre des formations scolaires, notamment des séries de cours de 15 crédits sur le démarrage d'entreprises, la gestion de l'innovation, les façons de commercialiser une idée, etc.

Accompagnement et mentorat

De manière plus concrète, le Centre d'entrepreneurship HEC-Poly-UdeM accompagne les étudiants qui, sur une base volontaire (donc «non créditable»), désirent se lancer en affaires. Sensibilisation, mentorat, soutien, montage de plans d'affaires y sont entre autres offerts. Une quarantaine d'entreprises, en grande majorité de la Poly, en sont issues, dont Odotech, un fabricant de «nez électroniques» présent aux quatre coins du monde.

Univalor, une des quatre sociétés de valorisation des technologies universitaires au Québec, est également là pour guider les futurs entrepreneurs. On y retrouve surtout des étudiants des 2e et 3e cycles dont les inventions offrent un potentiel de commercialisation. Finalement, l'Université de Montréal et Polytechnique Montréal se partagent les locaux d'un incubateur d'entreprises dans le pavillon J.-A.-Bombardier. Plusieurs dizaines d'essaimages (spin-off) y ont pris naissance depuis 2004.

À l'ETS, on s'intéresse également à l'entrepreneuriat depuis plus de 15 ans. Créé en 1996, le Centre d'entrepreneurship technologique (CENTECH) a permis de lancer 102 entreprises, dont 60 sont encore en vie.

Parmi celles-ci: CVT et sa transmission variable qui permet l'économie d'énergie dans les génératrices, de même que Kinova et ses bras articulés pour les personnes en perte d'autonomie. L'endroit compte actuellement 25 projets en incubation.

Nerf de la guerre

L'argent étant le nerf de la guerre dans le démarrage de nouvelles entreprises, un fonds a été mis sur pied l'an dernier par l'ETS. Des prêts de 150 000$ y sont ainsi offertes, principalement pour la construction de prototypes.

«Nous croyons qu'au Québec, il faut créer des entreprises technologiques si on veut créer de la richesse collective. C'est pour cela que l'entrepreneuriat, on y croit énormément», explique Robert Dumontet, directeur du Centech.

Depuis l'an dernier, l'ETS est l'hôte du Carrefour innovation INGO. Ce «loft» accueille les équipes R&D de certaines entreprises qui ont, en revanche, l'obligation de travailler avec les chercheurs et les étudiants de l'École.

D'un point de vue scolaire, l'ETS offre des cours sur l'entrepreneuriat, tant au baccalauréat, à la maîtrise, qu'au doctorat.

Aventure entrepreneuriale

Geneviève Dutil et Alessandro Del Mistro sont la preuve que le génie et l'entrepreneuriat font très bon ménage. Tous deux ingénieurs mécaniques diplômés de l'Université Laval, ils forment un couple dans la vie comme au travail et sont à la tête de LX Simulation. La spécialitéde l'entreprise: prendre des objets en 3D et les soumettre aux nombreux phénomènes de la physique.

En utilisant des logiciels que la majorité des PME n'aurait pas les moyens de s'offrir, ils testent, entre autres choses, la solidité ou l'aérodynamisme de produits qui n'existent que sur écran. Autrement dit, ceux qui font appel aux cinq employés de LX Simulation n'ont plus besoin de créer un prototype pour ensuite le soumettre à une batterie de tests.

Depuis sa création en 2009, la PME compte déjà une cinquantaine de clients, dont Louis Garneau, Argon 18, le Cirque du Soleil et Campagna Motors. «C'est l'avenir dans le développement de produits. Il n'y a aucune limite dans ce que l'on peut faire», explique Geneviève Dutil, 39 ans.

Le couple d'entrepreneurs se voit comme des missionnaires. Chaque semaine, il va à la rencontre d'entrepreneurs qui, bien souvent, ignorent tout de la simulation. «Ils nous disent: on peut faire ça? J'aurais dû faire votre connaissance il y a longtemps», lance à la blague Alessandro Del Mistro, 43 ans.

L'aventure entrepreneuriale du couple a exigé quelques sacrifices. Malgré une brillante carrière d'ingénieurs dans les circuits de courses automobiles aux États-Unis, Geneviève Dutil et Alessandro Del Mistro ont dû vendre leur maison pour financer la création de LX Simulation. Mais ils sont à nouveau propriétaires et coulent des jours heureux à Bromont avec leurs deux jeunes enfants.