La traversée du désert a été pénible pour plusieurs biotechs québécoises, tragique pour certaines, mortes de soif en cours de route. L'arrivée à l'oasis n'en est pas moins bien réelle pour quelques autres.

Vacciner par le tabac

Medicago de Québec est une de celles qui se désaltèrent au profond puits financier. Le 6 mars, elle a annoncé une entente avec Mitsubishi Tanebe (MT), une pharma japonaise crée en 1997 après une cascade de fusions et d'acquisitions. L'entente prévoit un paiement de départ de 33 millions à Medicago. MT est une pharma de taille moyenne qui a annoncé un bénéfice net de 400 000$ canadiens au dernier trimestre.

«Ce n'est qu'un début, prévient Andy Sheldon, président de Medicago. C'est un paiement pour le premier de trois projets que nous avons avec MT. Il s'agit pour nous de produire, grâce à notre technologie originale, des vaccins en quantité industrielle que distribuera ensuite MT. Les 33 millions ne servent pas à couvrir les frais de développement et de production. C'est un pur revenu. Les frais seront payés par MT en sus de ce paiement de 33 millions.»

Medicago doit donc convaincre de simples plants de tabac de produire des particules pseudo virales et de les encapsuler naturellement d'une micro capsule lipidique. L'entreprise de Québec est passée maître dans ce genre d'acrobatie biotechnologique. Dans ce cas-ci, il s'agit de produire un pseudo rotavirus qui servira de vaccin contre la diarrhée du nourrisson, une infection qui fait de terribles ravages en Asie et en Afrique. Deux autres vaccins sont en développement suite à l'entente avec MT. Si les efforts sont couronnés de succès, des paiements semblables au premier sont au programme.

Medicago doit relever un autre défi technique et ce, dans un temps record. «La Defense Advanced-Research Projects Agency (DARPA) américaine nous pousse à relever le gant dans ce qui va être un sprint assez excitant, annonce M. Sheldon. Il s'agit de produire 10 millions de doses d'un vaccin dont je ne peux dire grand-chose, d'ici la fin de mars!»

La nature du vaccin reste secrète parce que la DARPA a pour mission de devancer technologiquement les ennemis des États-Unis dans une éventuelle frappe bactériologique.

Prometic: protéines sur mesure

Prometic de Laval vient tout juste de signer elle aussi une nouvelle entente commerciale. Le 6 mars, elle a annoncé un contrat d'une valeur de 2,5 millions avec une multinationale dont le nom n'est pas dévoilé. Prometic reçoit cet argent pour mettre à l'échelle industrielle son procédé de production d'une certaine protéine sanguine essentielle à la multinationale.

«Nous nous attendons à des commandes annuelles de 5 à 6 millions au terme de la mise à l'échelle, ajoute Pierre Laurin, président de Prometic. De plus, le 29 février nous nous sommes sortis d'un imbroglio administratif impliquant Celgene et qui ajoute 6 millions dans nos coffres. Et à la fin du mois de janvier, Octapharm, un géant mondial des protéines sanguines, nous a passé une commande de 2,5 millions pour que nous l'aidions à extraire certaines protéines du plasma. Le carnet des commandes obtenues entre janvier 2012 et maintenant est l'équivalent de celui de 2011.»