C'est le 15 février dernier que l'Oncle Sam a dit oui. Le test diagnostique du cancer de la prostate de DiagnoCure, de Québec, pourra se vendre sur le marché américain. Il s'agit pour cette biotech d'une seconde réussite devant les autorités réglementaires, son second produit mis en vente.

Le test du cancer de la prostate, le PCA3, a démontré à la Food and Drug Administration (FDA), l'autorité réglementaire américaine, sa grande utilité dans le délicat processus de détection et de traitement du cancer le plus fréquent chez l'homme.

Avant ce nouveau test, on portait un diagnostic en se fondant sur la présence dans les fluides physiologiques d'un antigène spécifique de la prostate (ASP), antigène émis en réponse au cancer débutant. Or, la spécificité de ce test est assez basse (seulement 27%). Il en résulte qu'on laisse repartir chez eux des malades qu'on croit sains et qu'on pratique sur des hommes parfaitement bien portants des biopsies parfaitement inutiles.

«Plus inquiétant, raconte Yves Fradet, président de DiagnoCure, après la biopsie négative, 25% des patients développent un cancer dans les deux ou trois ans qui suivent. On a de toute évidence besoin d'un test moins aveugle. La combinaison ASP, toucher rectal et biopsie, laisse passer des cancers entre ses mailles et assène des diagnostics erronés à des bien portants.»

En avril 2010 un urologue français, Alexandre de la Taille annonçait lors d'un congrès scientifique les résultats d'une étude sur 516 hommes. L'étude montrait que PCA3 prédit correctement le résultat de la biopsie et en réduit donc la nécessité de 40%. L'étude montrait que le test diagnostique de DiagnoCure a les mailles du filet bien plus étroites que toutes les autres méthodes. PCA3 n'échappe que 5% des cancers de haut grade (tumeurs malignes), un très important progrès.

«Ce que nous faisons va dans le sens de la médecine personnalisée, avance Yves Fradet. Nos tests répartissent les patients en cohortes plus précises et le traitement peut s'adapter selon le cas: pas du tout malade, faible risque ou risque élevé.

«Les impacts sur les coûts des soins sont importants. Pensez qu'une biopsie de la prostate aux États-Unis coûte en moyenne de 1500 à 2000$. Un test PCA3 se vendra aux alentours de 300$.

«Prévistage, notre autre test de diagnostic, destiné celui-ci au cancer colorectal, fait quelque chose de semblable. Avant, le diagnostic comportait une radio du côlon et l'examen au microscope des ganglions pour voir s'ils avaient été envahis. Mais l'examen microscopique des ganglions, même fait avec un soin extrême, échappe 30% des patients.»

Prévistage peut trouver une cellule cancéreuse dans un amas de 10 millions de cellules saines. «On voit le bénéfice pour les patients. Le diagnostic décèle la maladie plus précisément et permet même de déterminer à quel stade elle en est.»

Diagnocure développe actuellement un nouveau test moléculaire pour déceler et qualifier les cancers du poumon.