À l'occasion d'une table ronde tenue récemment à Montréal, quatre entrepreneurs et hommes d'affaires du Québec ont fait part de leur expérience et prodigué quelques conseils.

«Il y a un urgent besoin d'entrepreneurs miniers au Québec et il faut les valoriser au même titre que nos artistes», a soutenu André Gaumond, président de Mines Virginia, un des quatre invités à la table ronde.

Il estime que «70% des entrepreneurs miniers québécois actuels» prendront leur retraite dans les 10 prochaines années. Il faut donc, à son avis, encourager les nouvelles générations.

«Ma carrière d'entrepreneur a changé ma vie. Ça m'a permis de vivre des expériences et de connaître des personnes extraordinaires. Entrepreneur, ce n'est pas un don inné, on peut apprendre à le devenir», a-t-il fait valoir.

Robert Wares, président de Niogold et l'un des trois fondateurs de la Corporation minière Osisko, croit aussi que le Québec a besoin d'entrepreneurs pour développer ses ressources et créer de la richesse.

«C'est très important pour un entrepreneur d'être bien entouré, a-t-il précisé. Le modèle traditionnel du président qui fait tout, ça ne fonctionne pas. Il faut s'entourer d'experts dans tous les domaines.»

Danny Pelletier, spécialiste de l'investissement minier à la Caisse de dépôt et placement du Québec et président du conseil de Sodemex 11, observe heureusement l'existence d'un bon bassin pour l'émergence d'entrepreneurs. Et de nouveaux outils supplémentaires, pour les aider, sont maintenant offerts.

«Avec Mine d'Avenir, quelqu'un qui a le goût d'entreprendre peut rencontrer à peu près tous les experts pertinents en dedans de deux semaines», a-t-il souligné.

Nouvellement formé, Mine d'Avenir regroupe les principaux leaders de l'industrie. Son but est de stimuler la relève entrepreneuriale dans le secteur minier.

Le grand défi du financement

En plus de la relève, la question du financement reste au coeur des préoccupations de l'industrie.

Simon Britt, président de Ressources GéoMégA, fait partie de la cuvée d'entrepreneurs miniers arrivés dans le secteur autour de 2011, au sommet du cycle, et qui doivent maintenant vivre avec un cycle baissier des matières premières.

Pour lui, le financement de la phase de développement et la constitution d'une équipe capable de la mener à bien est le plus grand défi auquel doit faire face le nouvel entrepreneur.

«En contrepartie de la récompense d'une découverte rentable qui peut valoir des milliards, il y a aussi les risques très élevés de ne pas en avoir», a dit M. Britt.

Pour Danny Pelletier, de la Caisse de dépôt, le financement de l'entreprise doit être la priorité de l'entrepreneur. Selon lui, il faut penser dès le début au «quoi» faire, au «quand» le faire et au «comment» faire pour aider l'entreprise à passer du point A au point B.

«Oui, les marchés sont difficiles présentement, a-t-il précisé. Mais il faut avoir un plan d'affaires pour agir lorsque la reprise va se pointer.»

Pour André Gaumond, de Mines Virginia, la longévité d'une junior passe par la stabilité de son financement. Pour y parvenir, il faut élaborer et suivre une stratégie à long terme, accepter les fonds lorsqu'ils sont disponibles et trouver des partenaires pour partager le risque et les budgets.

Quant aux sources de capitaux à l'extérieur du Québec, M. Gaumond croit qu'il faut associer ténacité et crédibilité pour y accéder. «Il faut un plan de match. Il faut aussi de la transparence, c'est-à-dire qu'il faut dévoiler les bons et les mauvais résultats et les expliquer.»

Robert Wares, de Niogold, miserait pour sa part sur l'acquisition d'une petite exploitation qui assurerait une entrée de fonds régulière. Par exemple, l'acquisition d'une petite exploitation aurifère ou d'une carrière de sable ou de pierre permettrait d'atteindre ce but.

PHOTO PATRICE LAROCHE, ARCHIVES LE SOLEIL

Pour André Gaumond, de Mines Virginia, la longévité d'une junior passe par la stabilité de son financement.