D'ici cinq à dix ans, deux importantes exploitations de fer intégrées pourraient voir le jour près du village de Radisson, à la baie James, et apporter des investissements de plus de 4 milliards.

La construction d'installations portuaires en eau profonde aussi importantes que celles de Sept-Îles serait nécessaire pour expédier le concentré. Près de 2000 emplois directs et indirects seraient créés durant la construction, et il faudrait environ 1000 travailleurs durant l'exploitation.

Des investisseurs chinois, appuyés par les sociétés d'État MinMetals et l'aciériste Whuan Iron and Steel Corp (WISCO), organisent présentement le financement du projet. L'instigatrice du projet, la québécoise Ressources Augyva, y conservera une participation d'au moins 35%. Son partenaire Canadian Century Iron Ore Holding en possède 51% et peut l'augmenter jusqu'à 65%. Century est maintenant le maître d'oeuvre du projet.

Pour Georges-Yvan Gagnon, président et chef de la direction de Ressources Augyva, ce mégaprojet s'avère le couronnement de plus de 26 années de travaux d'exploration pionnière à la baie James.

«Les investisseurs chinois ont été impressionnés par la présence de 120 km de côte à moins de 150 km du gisement de fer de Duncan. Habituellement, les mines de fer sont situées à des distances de 500 à 700 km des côtes. Et puis, nous avons l'électricité à portée de main, des chemins d'accès et un aéroport», a expliqué M. Gagnon.

Prévoir les infrastructures

Le projet comprendrait le creusage de mines à ciel ouvert, la construction d'un concentrateur, d'un pipeline pour acheminer le concentré et d'une usine de bouletage.

Un ou des ports seraient construits près de Whapmagoostui-Kuujjuarapik (WK) - anciennement Poste-de-la-Baleine -, sur la rive de la baie James.

Le Plan Nord, dévoilé partiellement dans le budget du Québec 2011-2012, prévoit 33 millions durant les 5 prochaines années pour réaliser une étude de faisabilité sur la construction d'un port en eau profonde à WK ainsi que d'une route de 250 km pour le relier à Radisson.

Les 6 principaux gisements de fer sont situés sur la propriété du lac Duncan d'Augyva située à 40 km au sud du village de Radisson.

Les ressources de 3 de ces gisements s'élèvent à environ 1,3 milliard de tonnes à une teneur de 24% en fer, jusqu'à une profondeur de 250 mètres. Le fer est contenu dans la magnétite, une caractéristique qui facilite beaucoup la concentration du minerai.

Avec le programme de forage de 50 000 mètres en cours, Augyva veut rehausser les ressources à la catégorie mesurée et indiquée. M. Gagnon entrevoit aussi la possibilité de les augmenter à entre 2 et 2,5 milliards de tonnes.

Fusion possible avec Niocan

De plus, Augyva négocie présentement une forme d'acquisition ou de fusion avec Niocan. Si l'offre réussit, Augyva mettra la main sur le gisement de fer Great Whale de Niocan situé à environ 200 km de la propriété Duncan.

«Avec tout ça, nous aurions suffisamment de ressources pour 20 à 25 années d'exploitation. Nous pourrions produire environ 21 millions de tonnes de concentré par année, environ les deux tiers de la production actuelle qui sort des ports de la Côte-Nord», a dit M. Gagnon.

Selon les données de Ressources naturelles Canada, les expéditions des 2 mines de fer en exploitation au Québec ont atteint 17 millions de tonnes en 2010. Les mines de fer de Terre-Neuve, quelque 19 millions de tonnes par le port de Sept-Îles. Selon M. Gagnon, il faut attendre de quatre à cinq ans avant de commencer l'exploitation. «Et d'ici là, on a du travail à faire.»

Ententes

Il est d'abord essentiel et incontournable de s'entendre avec les Cris de la région. Près de 600 personnes de la communauté pourraient travailler dans les exploitations. «On compte sur eux comme travailleurs et comme partenaires. On veut les avoir», a souligné M. Gagnon.

Autre préoccupation: la frontière et la juridiction du Québec le long de la baie James et de la baie d'Hudson sont incertaines. Des conflits territoriaux avec le Nunavik pourraient surgir.

Par contre, le marché du fer est en ébullition. La demande de fer s'accroît de l'ordre de 50 millions de tonnes par année. Le prix a grimpé à 180$US la tonne de concentré de fer. Le coût de production d'un projet comme celui de Duncan est de l'ordre de 33$US la tonne livrée au port.

Augyva possède maintenant 14 millions dans ses coffres à la suite des récents financements, portant à environ 60 millions le nombre d'actions émises.

Century Iron Ore Holding, la société mère de Canadian Century, Wisco, et MinMetals ont mis en commun leurs capitaux pour le projet Duncan par l'entremise de la société de capital de démarrage Red Rock Capital.