La traduction repose sur la maîtrise ultra spécialisée de la langue, mais son industrie n'en demeure pas moins fascinante de diversité. Qu'il soit question de traduction littéraire, financière, juridique, pharmaceutique, publicitaire ou gouvernementale, les défis sont aussi nombreux que les spécialités.

Edgar

Né en 2006, le cabinet Edgar compte parmi ses clients des sociétés d'État fédérales et des administrations provinciales, en plus de ses nombreux clients au privé. Le cabinet prend des moyens extrêmes pour assurer la qualité: sélection rigoureuse des candidats (taux de réussite de l'examen de présélection d'environ 15%), révision de toutes les traductions, suivi de la qualité de presque chaque traduction à l'interne, contrôle mensuel de la qualité. Le recours aux pigistes est d'ailleurs contraire à sa politique d'encadrement de la qualité. «Nous n'engageons des pigistes qu'exceptionnellement, sur demande express de nos clients, pour certaines langues étrangères, et à l'issue d'un processus de sélection rigoureux», explique François Lavallée, vice-président à la formation et à la qualité.

Cossette

L'équipe linguistique d'une agence de publicité ne traduit pas des slogans, mais bien les sections informatives de documents publicitaires, en partenariat avec les concepteurs. «On traduit et on adapte le texte en fonction du marché, des objectifs des clients et des nuances culturelles du public, souligne Sylvie Giroux, vice-présidence gestion, création et production chez Cossette. Parfois, il reste assez peu du contenu original.» Évidemment, traduire un document publicitaire exige bien plus qu'une expertise pour transiter d'une langue à une autre. «Il faut savoir jouer avec les mots, aller droit au but et attirer l'attention, explique Anne-Marie Gauthier, chef de l'équipe linguistique. Nos traducteurs doivent posséder les connaissances techniques, une souplesse de la langue et un niveau rédactionnel supérieur.»

TRSB

Fondé il y a 25 ans, le cabinet TRSB emploie 125 personnes et génère un chiffre d'affaires oscillant entre 15 et 20 millions. «Depuis cinq ans, notre chiffre d'affaires a crû de 15% par année et on pense maintenir ce rythme, souligne le président Serge Bélair. Je suis convaincu qu'on n'a pas encore fait le plein des possibilités en Amérique du Nord et ailleurs dans le monde.» Spécialisée dans plusieurs domaines (financier, pharmaceutique, aéronautique, ferroviaire, etc.) et évoluant dans plusieurs langues, l'entreprise mise sur une formation accrue de son personnel. «Nous sommes un important pourvoyeur de stages et nous avons mis sur pied l'Académie TRSB, afin de former de façon pratique les diplômés des universités pendant deux ans, pour les rendre pleinement autonomes.»

Banque TD

En 2009, la Banque TD a cessé de faire traduire ses documents à l'externe, en créant son propre service de traduction. «Nos besoins ne cessaient de croître et nous voulions assurer un meilleur contrôle de la qualité, en employant un langage plus uniforme», explique Jean-Sébastien Charron, directeur du service de traduction. En 2012, la TD a d'ailleurs reçu un prix Mérite du français de l'Office québécois de la langue française. Une reconnaissance saluant le travail accompli dans un secteur très spécialisé. «Les sujets peuvent s'avérer complexes dans le domaine bancaire. Comme le système canadien est hautement règlementé, cela nécessite une expertise assez pointue et un processus de révision rigoureux.»

ATTLC

Romans, poèmes, pièces de théâtre, essais, doublage et sous-titrage cinématographiques sont le quotidien des traducteurs littéraires, qui se battent pour une reconnaissance dans le domaine culturel. «Ce ne sont pas des techniciens, mais des artistes», affirme Yves Dion, directeur de l'Association des traducteurs et des traductrices littéraires du Canada (ATTLC). Comme bien des artistes, les traducteurs littéraires doivent conjuguer avec une rémunération précaire: 0,18$ le mot pour un roman, 0,20$ pour une pièce et 0,25$ pour un poème. Une moyenne de 11 000$ par livre traduit, qui demande de 6 à 12 mois de travail.