Ils ont développé leur entreprise avec l'aide d'un incubateur et aujourd'hui, ils volent de leurs propres ailes. Quatre entrepreneurs ont accepté de partager leur expérience.

Bio-K Plus aux État-Unis et en Europe

Déterminé à commercialiser la découverte du microbiologiste François-Marie Luquet, Claude Chevalier a fondé Bio-K Plus en 1994. Ses produits créés avec une formule brevetée de probiotique ont commencé à être développés au Centre d'innovation en biotechnologie, à Laval, en 1996. C'était l'une des premières entreprises à s'y installer. «C'est un concept formidable parce que l'infrastructure est fournie, comme les espaces, les centrifugeuses et les hottes stériles», souligne-t-il. Il a néanmoins dû allonger quelques millions pour acheter certains équipements plus spécialisés. «Une chance que j'avais un bon travail ailleurs!» Selon M. Chevalier, il faudrait cependant épauler davantage les entrepreneurs pour la mise en marché. «Quand on a une innovation à portée mondiale au Québec, l'aide n'est pas forte», tranche-t-il. Aujourd'hui, ses produits sont maintenant vendus aux États-Unis et en Europe, en plus du Canada. La PME emploie environ 140 personnes.

Son conseil? «Rêvez beaucoup, armez-vous de patience et travaillez en équipe. Il faut aussi rester modeste et s'assurer d'évaluer le marché pour son produit et l'intérêt à son sujet.»

PHOTO ULYSSE LEMERISE, COLLABORATION SPÉCIALE

Claude Chevalier, president du conseil d'administration et proprietaire de Bio-K+.

Haylem Technologies dans des commissions scolaires

Finissant de l'École de technologie supérieure, Francis Haynes s'est naturellement tourné vers l'incubateur de l'institution, le Centech. Au départ, il a profité des services à distance. Il s'est installé au Centech en 2010. «Le loyer comprend l'accès à des salles de conférence, à la cuisine, à des ressources et différents services, énumère M. Haynes. Si on calcule tout ça, ce n'est pas cher.» Il a bénéficié de différents conseils, entre autres sur les aspects juridiques et fiscaux. Cet environnement lui a aussi permis d'échanger avec d'autres entrepreneurs dans une situation similaire. «Les incubateurs peuvent aussi aider quant au financement, explique M. Haynes. Comme je suis arrivé dans une période de restructuration, je n'en ai pas vraiment bénéficié, mais ça a semblé très bon pour d'autres qui sont passés après nous.» Actuellement, Haylem Technologies a convaincu plus du tiers des commissions scolaires d'utiliser son logiciel destiné aux enfants ayant des troubles d'apprentissage.

Son conseil? «Il faut développer son réseau de contacts, surtout en technologies, et les incubateurs sont notamment là pour ça.»

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Francis Haynes, président-directeur général d'Haylem Technologies, raconte avoir changé de produit deux fois avant de peaufiner son logiciel d'aide Lexibar.

Maid Labs : jusqu'au Mexique et en Australie

Après avoir vendu sa première entreprise à une multinationale, Benoit Beaudoin s'est relancé en affaires en 2002 en créant Maid Labs. «Elle a vivoté pendant un moment parce que ç'a été trop long de faire le développement, raconte-t-il. Il y a environ cinq ans, nous nous sommes installés à Granby.» Ce déménagement a permis de réunir toute l'équipe, en télétravail auparavant, au même endroit. L'entreprise a aussi pu bénéficier des services du Centre d'innovation et de technologies industrielles de Granby. «Nous avons été accompagnés par des gens dans un secteur d'activité similaire au nôtre, ils comprenaient par où on passait. Il nous faisait réaliser certaines choses, parfois. Le loyer était aussi abordable.» Aujourd'hui, ses technologies d'analyse de performance des stations de pompage des eaux usées se sont taillés une place aux États-Unis, en Australie et au Mexique.

Son conseil? «J'encouragerais les gens à aller dans un incubateur. Ça permet d'être avec d'autres entrepreneurs qui vivent la même chose que toi. C'est aussi encourageant de voir les autres qui vont bien.»

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Mëme s'il est dans les affaires depuis 1984, Benoit Beaudoin, président de Maid Labs, assure que l'accompagnement de l'incubateur lui a été profitable pour sa seconde entreprise.

Une première étude clinique pour Feldan

François-Thomas Michaud étudiait en génie chimique à l'Université Laval lorsqu'il a cofondé Feldan, une entreprise spécialisée dans les produits et technologies pour la thérapie cellulaire et la médecine régénérative en 2007. «Nous avions une bonne connaissance technique du projet et de la technologie, note-t-il. Par contre, nous n'avions pas nécessairement de compétence dans ce qui touchait l'environnement d'affaires comme le financement.» Feldan a été un « incubé virtuel » d'AG-Bio Centre, c'est-à-dire qu'il recevait des services sans avoir de locaux sur place. «Ça nous a permis d'avoir accès à du financement que nous ne connaissions pas», souligne-t-il. Sans compter l'accompagnement juridique et comptable. Feldan a quitté l'incubateur après trois ans, car ses besoins avaient grandi. Il devenait plus avantageux d'embaucher du personnel que d'avoir recours à l'incubateur. Actuellement, l'entreprise compte 24 employés. Elle en est à sa quatrième ronde de financement privé et elle prépare une première étude clinique chez l'humain.

Son conseil? «Recherchez l'aide d'un mentor ou d'un incubateur. Une entreprise en démarrage, c'est fragile. D'où l'importance d'être entouré de gens qui peuvent nous aider.»

PHOTO YAN DOUBLET, ARCHIVES LE SOLEIL

François-Thomas Michaud, président et cofondateur de Feldan, et son équipe travaillent à concevoir des protéines permettant aux cellules souches de pousser et de se différencier à l'extérieur du corps humain.