Naguère un secteur commercial dynamique, le quartier D'Estimauville s'est vidé depuis. La construction de l'autoroute Dufferin-Montmorency dans les années 70 et, plus récemment, l'arrivée de power centers en périphérie ont nui considérablement aux commerces. La Ville de Québec veut maintenant lui redonner son lustre d'antan avec la création d'un écoquartier. Quatre mots pour comprendre.

Emploi

L'entreprise Medicago a annoncé ce printemps la construction de son nouveau complexe de production de vaccins grâce aux plantes dans le quartier D'Estimauville. Le projet de 245 millions entraînera la création de 200 emplois hautement spécialisés d'ici 2019. De plus, le gouvernement fédéral a récemment construit deux édifices dans lesquels travaillent 1200 fonctionnaires. «Quelques nouveaux commerces sont déjà venus s'installer pour répondre aux besoins de cette clientèle, note Julie Lemieux, vice-présidente du comité exécutif de la Ville de Québec. Les choses vont sûrement évoluer plus rapidement au cours des prochaines années.»

La troisième phase de l'écoquartier D'Estimauville prévoit également l'ajout d'autres espaces de bureaux. «On pense à des bureaux institutionnels ou de professionnels », précise Mme Lemieux.

Milieu de vie

Le quartier D'Estimauville compte déjà de nombreux commerces de proximité. D'ailleurs, plus de la moitié des répondants à un sondage de la Ville ont jugé qu'il n'en manquait aucun après qu'on leur eut énuméré ceux en place. «Il peut y en avoir plus et de meilleure qualité, croit toutefois Mme Lemieux. Quand les clients seront là, les commerçants vont s'adapter aux besoins.» Cependant, étant donné que l'offre est déjà intéressante, l'accent sera davantage mis sur la construction résidentielle.

Pour inciter les familles à s'y installer, la Ville entreprendra l'aménagement d'un parc dès l'an prochain. Mais déjà, le quartier peut compter sur deux atouts majeurs: le Domaine de Maizerets et la baie de Beauport, situés de part et d'autre du projet. Une école primaire se trouve aussi à proximité.

Habitation

Près de 800 nouveaux logements seront construits pendant les quatre phases du projet. Un sondage réalisé par la Ville montre que 46% des répondants aimeraient acheter ou louer un appartement ou un condo. Environ 43% préféreraient une maison en rangée. «Plusieurs personnes veulent avoir un peu de terrain, nous avons donc ajusté le projet en conséquence », souligne Mme Lemieux. Le concept prévoit une densité maximale de 100 logements par hectare.

Des logements seront admissibles au programme Accès Famille, lequel propose une aide financière aux familles pour l'achat d'une propriété. Des logements sociaux ou communautaires seront également inclus dans les nouvelles constructions. «Nous sommes en train de regarder un projet de 80 logements communautaires, note Mme Lemieux. Ça avance bien, on devrait l'annoncer assez rapidement.»

Environnement

Qui dit écoquartier dit environnement, bien sûr. La Ville mise entre autres sur des bâtiments certifiés LEED, l'aménagement de toitures blanches, végétalisées ou accessibles, la collecte des matières résiduelles avec des contenants enfouis et un tri à la source dans chaque unité, l'utilisation de matériaux recyclés, etc.

La Ville veut également favoriser le transport actif en prévoyant des espaces de rangement intérieurs et extérieurs pour les vélos. Le transport en commun se développera aussi davantage. «En bordure de l'écoquartier, il y aura un pôle pour le transport en commun avec une station du service rapide par bus, note Mme Lemieux. À l'heure actuelle, ce secteur est déjà assez bien desservi avec les métrobus.» Quant aux voitures, les modèles électriques seront encouragés par l'installation de bornes de recharge.

LE QUARTIER D'ESTIMAUVILLE EN CHIFFRES

11 millions d'investissements par la Ville

782 nouveaux logements prévus

21 000 m2 de nouveaux espaces de bureaux sont prévus.

45% des jeunes professionnels sondés souhaitent vivre dans l'écoquartier D'Estimauville.

35% des jeunes familles sondées aimeraient habiter l'écoquartier D'Estimauville.

52% des répondants au sondage jugent que l'offre de services de proximité est complète.

 Espoir

Nom: Bijouterie suisse

Nombre d'employés: 12

> Dans le quartier depuis 1960

L'entreprise familiale, qui en est à sa troisième génération, a été témoin des belles années et des jours sombres du quartier. «Le pire est passé, croit Christian Bernard, copropriétaire de la Bijouterie suisse. À un moment donné, j'appelais ça Ground Zero parce que tous les commerces partaient. Avec les deux gros édifices du fédéral et l'écoquartier qui s'en vient, ça peut juste aller mieux.» L'affluence n'a pas encore beaucoup augmenté aux Galeries de la Canardière où il est installé, mais il est optimiste. Après tant d'années d'attente, il aimerait que la construction se fasse rapidement. «Mais parfois, il est préférable d'être patient et d'avoir de la qualité», note-t-il. L'aménagement d'un parc et la plantation d'arbres amélioreront la qualité de vie des résidants et des travailleurs, à son avis. Il croit même qu'à terme, le secteur pourrait attirer les touristes avec la baie de Beauport à proximité.

Optimisme prudent

Nom: Brûlerie D'Estimauville

> Nombre d'employés: 10

> Dans le quartier depuis la fin de 2011

C'est l'important potentiel d'affaires qui a amené la Brûlerie D'Estimauville à s'installer au rez-de-chaussée du premier édifice du gouvernement fédéral. Les retards dans la construction de l'écoquartier l'ont toutefois obligée à diversifier ses activités, en offrant notamment des services alimentaires aux écoles. «Je suis optimiste quant au projet de relance, mais il y a déjà eu des annonces qui ne se sont pas concrétisées, rappelle Charles Tardif, propriétaire. L'arrivée de Medicago est aussi une bonne nouvelle, mais j'attends de voir quand le tout va se matérialiser.» Entre-temps, il est fort heureux de la place du développement durable dans le projet. «Le volet écologique est très intéressant et nous y avons adhéré dans l'ensemble de nos politiques en favorisant les produits locaux et en utilisant des appareils moins énergivores, par exemple», explique-t-il.