Le changement de nom était devenu nécessaire pour distancer le Fonds de la société Homburg Invest inc. et de Richard Homburg

Une acquisition importante, mais aussi un changement de nom. Les dirigeants du Fonds de placement immobilier (FPI) Homburg Canada n'ont pas chômé depuis quelques semaines.

Le FPI Homburg qui se négocie à la Bourse de Toronto depuis plus d'un an sous le symbole HCR.UN a été renommé Fonds de placement immobilier CANMARC. Le Fonds se négociera sous peu sous un autre symbole qui sera annoncé dès que les exigences usuelles de la Bourse auront été complétées.

Les dirigeants du Fonds expliquent que ce changement de dénomination témoigne de l'évolution importante et constante du fonds créé il y a 16 mois. Les objectifs du Fonds demeurent les mêmes, assure James Beckerleg, Président et chef de la direction. « On vise une croissance de 10 à 15 % par année », dit-il.  

Mais bien que la direction du Fonds semble réticente à l'avouer, le changement de nom sert surtout à distancer le Fonds immobilier de Homburg Invest Inc (HII) et de son actionnaire principal Richard Homburg. HII s'est placée récemment sous la loi de la protection contre ses créanciers afin de se restructurer. Quant au Fonds immobilier Homburg, devenu CANMARC, il constitue une identité distincte, dotée d'une équipe de direction indépendante, sans aucun lien avec Richard Homburg et Homburg Invest Inc, outre le fait qu'ils détiennent des unités du Fonds.

Malgré cette distance, les mauvaises nouvelles associées au nom Homburg ont nui à la performance boursière de CANMARC, confirme Heather Kirk, analyste à la Financière Banque Nationale. « On les encourageait à changer de nom », dit-elle. Des rencontres avec des investisseurs institutionnels à Toronto révélaient que certains d'entre eux ne comprenaient pas que le Fonds Homburg Canada n'était pas dirigé par Richard Homburg, ajoute-t-elle.

Lancée en bourse à 10 $ en mai 2010, le Fonds s'était apprécié de façon rapide pour atteindre 13 $ à peine un an plus tard. La correction boursière en juillet, mais surtout les mauvaises nouvelles émanant du groupe Homburg, ont fait reculer le titre à 11,40 $ depuis.

Le 5 août, l'analyste de la Financière publiait un rapport de recherche expliquant que le recul du titre créait une occasion d'achat intéressante des unités du Fonds. Leur valeur représentait un escompte comparativement à ses concurrents, et le rendement des distributions atteignait 8 %. Le titre a regagné du terrain et se négocie actuellement à 12,30 $.

HII détient toujours 8,8 millions d'unités du Fonds et Richard Homburg 2,5 millions. Une liquidation ordonnée de ces positions dans le cadre d'une réorganisation de HII aurait peu d'impact sur la valeur du titre en bourse, selon Heather Kirk. Le Fonds a près de 50 millions d'unités en circulation.

Acquisition et portefeuilles

Le 16 septembre, le Fonds annonçait la conclusion d'une entente en vue d'acquérir une participation de 100 % dans un portefeuille de 29 centres commerciaux. Parmi eux, 24 ont comme locataire principal le Groupe Jean Coutu. Le coût de la transaction est évalué à 115 millions. Elle est financée par un transfert des prêts hypothécaires existants pour un montant de 75 millions et par le produit d'une émission de nouvelles parts de 40 millions.

Outre l'impact sur la croissance du Fonds, cette transaction s'avère une acquisition stratégique pour CANMARC, explique Mme Kirk. « Groupe Jean Coutu est un nom fort au Québec et offre la possibilité de développer de nouvelles affaires », dit-elle.   

Cette transaction vient renforcer un portefeuille déjà bien garni. Le Fonds détient entre autres à Montréal le complexe de la gare centrale du CN, la Place Alexis Nihon, ainsi que le Centre Laval et la Place Longueuil. Le Fonds détient également une participation de 50 % dans le Centre Scotia à Calgary qu'elle administre en totalité, ainsi que le Confederation Court Complex à Charlottetown.

Quant au marché de l'immeuble au Canada, James Beckerleg n'écarte pas la possibilité d'une nouvelle crise de liquidité si on ne trouve pas de solution acceptable aux pays trop endettés en Europe. « Lors d'une crise de liquidité, les banques deviennent réticentes à faire des prêts, et de moins de moins de transactions sont alors possibles sur le marché immobilier », dit le chef de la direction de CANMARC. En 2008, peu de transactions se sont concrétisées, même au Canada. Mais au sortir de la crise, le marché canadien est rapidement redevenu robuste, rappelle-t-il.