Les produits et services financiers offerts aux gens fortunés se sont transformés au fil des ans sous l'effet des cycles économiques, des nouvelles lois et de la compétition dans l'industrie. Survol des tendances actuelles.

« Une première chose qu'on observe depuis des années, c'est l'intégration des services », dit Jean-Philippe Tarte, maître d'enseignement à HEC Montréal.

En d'autres termes, les firmes de gestion de fortune ont tendance à offrir une gamme de services qui touchent de plus en plus aux sept grands domaines de la planification financière, plutôt qu'un seul. C'est en quelque sorte une approche clés en main.

Elles offrent donc souvent non seulement la gestion des placements, mais aussi des services de finance, la planification de la succession et de la retraite, des conseils juridiques et fiscaux ainsi que des assurances.

« Les bureaux s'organisent plus que jamais pour avoir plusieurs spécialistes pour conseiller le client dans toutes les facettes du domaine financier. C'est une tendance lourde. » - Jean-Philippe Tarte, maître d'enseignement à HEC Montréal

Une des causes de cette intégration des services, c'est la complexification du monde financier, explique Stéphane Chrétien, professeur de finance et titulaire de la chaire Groupe Investors en planification financière de l'Université Laval.

« En épargne, par exemple, il y avait auparavant des actions et des obligations, dit-il. Aujourd'hui, l'offre inclut des fonds négociés en Bourse, des produits structurés et d'autres produits dérivés qui sont drôlement plus complexes. »

De plus en plus, on a donc besoin d'un expert dans chaque domaine, mais aussi d'un gestionnaire central ayant une vue d'ensemble pour orchestrer le bal.

« On ne peut pas faire un travail efficace si on a seulement une vision partielle de la situation de quelqu'un. On ne peut pas planifier sa retraite si on n'a aucune idée de sa couverture d'assurance », dit Stéphane Chrétien.

Il explique que la tendance à l'intégration remonte à plus de 20 ans.

Le système financier avait alors été déréglementé pour permettre aux institutions financières et aux compagnies d'assurances d'offrir une gamme de services plus large.

Comme les clients n'ont pas changé instantanément leurs vieilles habitudes, les changements sont survenus progressivement, au fil des ans.

DES SERVICES SPÉCIALISÉS

Une tendance parallèle à celle-ci, dans le domaine des firmes de gestion de fortune, est d'offrir des services spécialisés qui sortent du cadre strictement financier.

Il s'agit, par exemple, de services de conciergerie et de conseil en dons philanthropiques.

« Ces services se sont démocratisés », dit Jean-Philippe Tarte.

Plus besoin d'avoir un portefeuille de 500 millions pour en profiter. On y a aujourd'hui accès avec un portefeuille de quelques dizaines de millions, parfois bien moins.

Cette tendance, comme celle de l'intégration des services, d'ailleurs, est aussi causée par la compétition entre les firmes. Elles doivent satisfaire un client toujours plus exigeant, explique Jean-Philippe Tarte.

« Si une firme vous offre uniquement la gestion de portefeuille, mais que l'institution d'à côté propose en plus d'optimiser vos dons pour maximiser votre remboursement d'impôt, vous risquez d'être tenté par la deuxième, où on offre tout au même endroit. »

INVESTISSEMENTS ALTERNATIFS

Dans le domaine de l'investissement, certaines firmes de gestion de fortune ont aujourd'hui une foule de produits d'investissement alternatifs, qui incluent l'immobilier, les matières premières, les fonds de couverture et l'investissement privé.

« Au début des années 2000, ces actifs se sont démocratisés. » - Jean-Philippe Tarte, maître d'enseignement à HEC Montréal

Ils sont aujourd'hui accessibles aux gens à haute valeur nette alors qu'ils étaient auparavant réservés aux investisseurs institutionnels, explique-t-il.

« C'est devenu une norme plutôt qu'une tendance. »

Les investissements alternatifs permettent de diversifier ses placements au-delà des classes traditionnelles d'actifs qui incluent les actions, les obligations et le marché monétaire.

Les rendements des fonds de couverture, ou hedge funds, ont par contre déçu beaucoup d'investisseurs au cours des dernières années, remarque Jean-Philippe Tarte.

« Il y a 10 ou 15 ans, c'était très tendance auprès des gens fortunés, c'était la folie furieuse. »

Aujourd'hui, ce n'est plus le cas, constate Jean-Philippe Tarte. La tendance est, selon lui, peut-être même en train de s'inverser.

EN CHIFFRE

331 000 

Nombre de millionnaires au Canada en 2014. Ce nombre, qui fait plus précisément référence aux individus à haute valeur nette, les gens qui ont plus de 1 million en actifs autres que leur maison et leurs biens de consommation, a augmenté de 3,7 % entre 2013 et 2014.

Source : World Wealth Report