Rien de plus rassurant que de confier sa fortune à un expert dont la feuille de route est élogieuse.

Mais quand une crise financière frappe, plus rien ne semble suffisamment rassurant, comme on a pu le voir lors de la dernière tourmente boursière qui a amputé la valeur nette des actifs de la plupart des québécois de 20 %, 30 % et même parfois de 50 %!

Même pour la classe des nantis, qui confient leur patrimoine en gestion privée à des institutions financières réputées, la confiance a été secouée, constatent plusieurs intervenants du milieu.

La gestion privée offre aux gens fortunés et à leurs familles des services et des conseils sur l'ensemble de la gestion du patrimoine, notamment la planification financière, la gestion de portefeuilles, ainsi que la planification fiscale et successorale.

Cette crise est très différente des précédentes, explique Hélène Bronsard, vice-présidente de Raymond Chabot gestion privée.

«Les gens ont l'impression que la spéculation à outrance, ainsi que la malhonnêteté de plusieurs intervenants sur les marchés financiers, sont à l'origine des problèmes qu'ils ont connus, dit-elle. Ils sont amers, et plusieurs se sentent petits devant les événements.»

Éric Bujold, premier vice-président et directeur général, Gestion de patrimoine, Banque Nationale Groupe financier constate que plusieurs investisseurs ont réagi à la crise en modifiant certains comportements.

«Les clients nantis reviennent vers le placement plus traditionnel et augmentent la liquidité de leurs portefeuilles, dit-il. Ils exigent une plus grande transparence de la part de leurs gestionnaires et expriment une volonté de se rapprocher des marchés locaux afin de mieux comprendre les investissements qu'ils font.»

Un pôle important

Mais, crise ou pas, la gestion du patrimoine demeurera un des pôles importants du développement stratégique des institutions financières. Et la gestion privée est au coeur de ce développement.

Continuellement à l'affût des nouvelles techniques de gestion, les professionnels de la gestion privée demeurent convaincus du bien-fondé de leurs méthodes et des produits qu'ils offrent.

Pour Jean Brunelle, vice-président gestion privée chez Desjardins, la crise a démontré que la règle numéro un en gestion de portefeuilles, soit de s'assurer d'avoir la bonne répartition d'actifs, est plus que jamais valable.

«En période de crise, le client bien accompagné et bien informé par son institution est celui qui a la meilleure chance de bien s'en tirer, dit-il. Ceux qui se rappelaient la crise des technos de 2001-2002 ont évité de répéter les mêmes erreurs.»

Jean Duguay, directeur des placements pour le Groupe Eterna, ne doute pas que la crise a renforcé le besoin de gestion privée, c'est-à-dire d'avoir quelqu'un en qui on a confiance et qui prend charge de tout.

«Bien sûr, la réputation du gestionnaire doit être solide», précise-t-il.

Les nombreuses fraudes et les scandales des dernières années ont rendu plusieurs investisseurs craintifs, si bien que certains sont maintenant disposés à payer une prime à la réputation

Quelque 440 000 foyers canadiens, dont 18 % sont au Québec, possèdent un portefeuille d'investissements en actions et obligations de plus d'un million de dollars.

Ce sont eux que visent les démarcheurs de la gestion privée.