L'approche agile est beaucoup associée au monde de l'informatique. C'est, à la base, une façon de développer des logiciels par petites portions utilisables. On les lance sur le marché, on récolte des commentaires, puis on s'adapte pour la suite. Mais le mode agile peut aussi se vivre à la grandeur de l'organisation. Et il compte plusieurs avantages. Mathieu Boisvert, directeur général de Pyxis, une boîte spécialisée en agilité, explique pourquoi.

RETOUR PLUS RAPIDE SUR L'INVESTISSEMENT 

Réaliser un projet sur le mode agile signifie qu'on le sépare en petites portions fonctionnelles. On s'attaque d'abord à la première, puis on la livre. Par exemple, prenons une compagnie d'assurances. Si elle souhaite améliorer le temps de traitement des réclamations en le faisant passer de 10 jours ouvrables à 5, elle peut commencer par réaliser un petit projet afin d'économiser une journée. Puis, elle pourra se lancer dans d'autres projets pour atteindre son grand objectif. 

« Ainsi, l'entreprise peut tout de suite commencer à voir les bénéfices de ses actions », indique Mathieu Boisvert, expert de l'approche agile et coach dans le domaine depuis une dizaine d'années. Si on prend plutôt l'exemple d'une entreprise qui travaille sur un nouveau produit, elle peut commencer par en lancer une portion sur le marché.

« On rentabilise plus rapidement ses investissements. »

- Mathieu Boisvert, qui est aussi chargé de cours en gestion de projet à l'École des sciences de la gestion de l'UQAM

Pour plusieurs entreprises, ces entrées de capitaux si tôt dans le processus de développement peuvent faire toute la différence.

MEILLEURE ADAPTATION AUX BESOINS RÉELS

Un autre avantage agile : les résultats et la rétroaction qu'on obtient en mettant une portion de son produit ou de son service sur le marché. Parfois, on a plus de bénéfices qu'on croyait, mais d'autres fois, les résultats escomptés ne sont pas au rendez-vous.

« Avec un projet agile, on valide beaucoup plus rapidement ses hypothèses et au besoin, on peut corriger le tir », explique M. Boisvert. Ainsi, on investit moins d'argent et de temps dans de mauvaises pistes.

DES ÉQUIPES AGILES 

Pour rendre des petites portions fonctionnelles d'un projet, il faut aussi adapter sa gouvernance. Son équipe de travail doit devenir «agile». 

« Il faut gérer par livrables plutôt que par activités, explique M. Boisvert. Cela signifie que chaque membre de l'équipe doit avoir les compétences nécessaires et l'autonomie pour réaliser sa part du travail. Personne ne dépend d'un expert qui leur dit quoi faire. »

L'équipe commence donc à s'autogérer. Ce qui ne signifie pas toutefois que le gestionnaire n'a plus un rôle crucial à jouer.

« Lorsque des abeilles fabriquent du miel, elles savent comment faire, elles n'attendent pas que l'apiculteur leur dise quoi faire, illustre Mathieu Boisvert. Par contre, l'apiculteur leur fournit la ruche, ajoute des compartiments en cas de besoin, amène ses abeilles se nourrir dans différents lieux. C'est la même chose avec le gestionnaire agile : il doit s'assurer que son équipe a tout ce dont elle a besoin pour livrer le produit ou le service dans le temps demandé. Il doit mettre son leadership au service de ses employés. »

À SAVOIR 

Si on travaille sur un projet pour lequel on n'a pas le droit de se tromper, mieux vaut rester sur le mode traditionnel. On pense à la construction d'un pont, par exemple. 

Pour que l'approche agile soit avantageuse, il faut une certaine flexibilité et la possibilité de se rajuster en cours de route. Le mode agile a conquis plusieurs autres domaines que celui du développement de logiciels. 

Des organisations optent pour cette approche afin de faire fonctionner certains départements ou de réaliser des projets bien ciblés.