Rencontres avec des clients bien mis faisant l’étalage de leur fortune et qui attendent vos conseils sur la façon de la gérer. C’est l’idée que bien des gens se font du quotidien des professionnels de la gestion de patrimoine. Mais dans les faits, c’est aussi un métier qui les place devant toutes sortes de situations, parfois plutôt cocasses. Des conseillers nous en racontent quelques-unes.

Le 19e trou

Daniel Chartier, conseiller financier chez Valeurs mobilières Desjardins, raconte qu’il y a quelques années, durant l’été, un de ses clients de longue date l’a appelé à trois reprises, toujours un lundi, pour lui demander d’acheter des actions de petites entreprises spéculatives. Il s’est alors promis de lui expliquer à la prochaine occasion que ce genre de transactions était totalement inutile pour lui, compte tenu de la nature de son portefeuille. Mais l’automne est arrivé, et les appels du lundi ont cessé. Daniel a alors pensé que ce ne pouvait être que ses partenaires de golf du week-end qui lui mettaient ces idées en tête au 19e trou, surnom du club-house. Il avait vu juste. Au début de l’été suivant, lorsque son client l’a appelé un lundi matin, le conseiller a eu vite fait de régler la question.

L’argent qui tombe du ciel

Sophie Paquet, conseillère chez Financière Banque Nationale, a connu une cliente qui, un jour, alors qu’elle était âgée de 90 ans, a hérité d’une somme de 50 000 $. Mais comment peut-on hériter quand on a déjà 90 ans, direz-vous ? Simplement parce qu’elle avait une tante un plus âgée qu’elle. Mais le père de Sophie, qui lui aussi a fait carrière en gestion de patrimoine, a vu encore mieux. Il se souvient d’avoir été appelé auprès d’une dame âgée, vivant dans l’indigence, qui avait trouvé un jour des certificats d’actions de banques dans les vieux papiers de son défunt mari. Ces certificats valaient plus de 75 000 $. Comme quoi, contrairement à la croyance populaire, l’argent tombe parfois vraiment du ciel.

Perte de mémoire

Chez Gestion de placements Eterna, le groupe de gestion de patrimoine reçoit des mandats pour des clients en cas d’inaptitude. Le service porte sur tous les besoins de la personne, explique Pierre-Olivier Tardif, premier vice-président. Un jour, une gentille dame que nous surnommerons Alice les a rencontrés accompagnée de son fils, afin d’établir la liste des besoins. Alice semblait fort intéressée par ce tout qui se disait, surtout lorsqu’il a été question de l’émission de chèques pour le paiement de ses factures. « Depuis ce jour, Alice, chez qui se développent des symptômes de la maladie d’Alzheimer, se présente de temps à autre au bureau d’Eterna, sans rendez-vous, réclamant son chèque, car elle croit que nous sommes son locataire », raconte Pierre-Olivier Tardif.

Pas toujours glamour

Il y a quelques années, alors qu’elle était en début de carrière, Marie-Claude Durand, conseillère à la Financière Banque Nationale, a accepté, à la suite d’une recommandation, de rencontrer un jeune couple pour leur donner quelques conseils. Cela allait s’avérer toute une aventure. Arrivée sur place, elle a dû composer avec le chien du jeune couple, qui lui a sauté dessus. Tout au long de la rencontre qui a duré une bonne heure, le chien est demeuré à ses pieds, mordillant sans qu’elle s’en rende compte la courroie de son porte-documents, qui a cédé lorsqu’elle a tenté de le reprendre. Elle en a été quitte pour un nouveau sac et un nettoyage de son tailleur. « La gestion de patrimoine, c’est pas toujours aussi glamour que l’on pense », ironise-t-elle aujourd’hui.