La gestion de patrimoine est devenue un des fers de lance des institutions financières qui y trouvent un créneau leur permettant d'accroître leurs revenus sans avoir pour autant à ajouter aux risques que comportent les opérations traditionnelles. Mais il y a quand même toujours une place pour les plus petites firmes indépendantes. Voici les grandes tendances de ce secteur dont tous veulent obtenir une part.

L'approche-conseil

«Qu'arrivera-t-il demain si tu ne te réveilles pas?» La question peut sembler crue, mais le conseiller financier doit se la poser lorsqu'il se retrouve face à un client qu'il doit guider dans sa gestion de patrimoine, explique Martin Lavigne, président, Financière Banque Nationale - Gestion de patrimoine. «En tentant de répondre à cette question, on comprend tout de suite que la gestion de patrimoine, c'est bien plus qu'un plan de retraite», dit-il. C'est pourquoi l'approche-conseil est devenue une tendance lourde.

La gestion de patrimoine s'établira en fonction des événements de vie, et ceux-ci, qu'il s'agisse du mariage, de l'arrivée des enfants, d'un déménagement, d'un changement ou de la perte d'un emploi, d'une mort ou de bien d'autres facteurs, sont particuliers à chacun et se produiront à des moments différents pour chaque client, explique M. Lavigne. «Le rôle du conseiller est de s'assurer que le client est prêt à faire face à toutes ces éventualités, dit-il. C'est dans le cadre de cette approche-conseil que la Financière a lancé le programme monPatrimoine selon lequel le conseiller est en mesure d'intégrer tous les volets de la gestion de patrimoine à l'intérieur de son offre de services», ajoute-t-il.

Le guichet unique

Malgré la présence des grandes institutions financières, les firmes indépendantes continuent d'occuper une place importante dans l'offre de services.

«Notre approche vise à offrir un guichet unique, tel que le font les banquiers privés européens», explique Pierre Olivier Tardif, vice-président, Gestion de placements Eterna.

L'offre de services comprend principalement les placements et les assurances, mais elle est soutenue par une fiducie. «Nous voulons répondre à tous les besoins des clients à partir de nos ressources et en faisant appel à des experts de l'extérieur lorsque cela s'avère nécessaire», dit M. Tardif.

S'il y a une place dans le monde de la gestion de patrimoine en dehors des grandes institutions, c'est qu'une partie de la clientèle préfère encore faire affaire avec un groupe indépendant qui n'a pas ses propres produits financiers dont il pourrait être tenté de mousser la vente au détriment de l'intérêt du client, croit M. Tardif.

L'aspect fiduciaire s'inscrit également comme une tendance importante dans la gestion de patrimoine. «Il est de plus en plus présent dans la culture des individus», dit Pierre Olivier Tardif. Les gens s'informent même des outils fiscaux pour la deuxième génération, note-t-il.

Offrir une faible volatilité

Si l'approche-conseil et l'offre globale de services sont des tendances lourdes en gestion de patrimoine, les solutions clés en main (produits indiciels) à faible coût et faible volatilité constituent actuellement une tendance certaine quant à la gestion des placements, indique Léon Garneau Jackson, vice-président, BMO Gestion mondiale d'actifs. «Les gens veulent surtout se prémunir contre la volatilité des marchés financiers», dit-il.

Lorsqu'il est question de leurs placements, les individus ont encore à la mémoire l'épisode de la crise financière de 2008-2009 en vertu de laquelle beaucoup ont vu leur portefeuille de placements fondre de moitié. Ceux qui l'avaient oublié se le sont fait rappeler au mois d'août lorsque les Bourses ont perdu plus de 10% en l'espace d'à peine cinq séances de négociation. «Cette récente poussée de volatilité a de nouveau ébranlé les investisseurs», dit M. Garneau Jackson.

Pas étonnant alors que s'installe une tendance à bâtir et offrir des fonds et des solutions de portefeuille à faible volatilité. «C'est pourquoi nous avons créé des fonds négociés en Bourse (FNB) à faible beta et à beta judicieux [smart beta]», dit-il. Le beta permet de mesurer les variations des titres individuels comparativement à celle de l'ensemble du marché. Quant au beta judicieux, la technique consiste à bâtir des portefeuilles indiciels dont la pondération des titres ne se fait pas en fonction de la capitalisation boursière, mais plutôt en fonction de nombreux autres facteurs. Les portefeuilles à beta judicieux se veulent alors un compromis entre les portefeuilles indiciels et les portefeuilles gérés activement. «Et ils gagnent de plus en plus en popularité», assure Léon Garneau Jackson.