Nul n'est à l'abri d'une fraude, d'un vol ou d'un détournement de fonds. Parlez-en aux dirigeants d'entreprises qui découvrent, stupéfaits, qu'ils se sont fait détrousser des sommes considérables! «Il serait illusoire de croire qu'une entreprise ne court aucun risque d'être piégée par un fraudeur», rappelle Marie-Chantale Dréau, associée chez PwC.

Les divers sondages sur le sujet le démontrent. «Près d'une entreprise sur deux a été victime d'une fraude à divers échelons, que ce soit le vol d'actifs, de liquidités ou de stocks», dit-elle.

Quand cela survient, c'est le branle-bas de combat. Le patron de l'entreprise «dévalisée» prend le téléphone et appelle à la rescousse.

«On arrive toujours dans une situation de crise et il faut reconnaître que le contexte dans lequel on intervient est souvent chargé d'émotivité», souligne Marie-Chantale Dréau.

Pour commettre leurs délits, les fraudeurs ont recours à des arnaques et à des stratagèmes planifiés de longue haleine, ce qui rend les enquêtes plus longues et plus laborieuses à mener.

Parfois, le délit est relativement mineur. Mais ce n'est pas toujours le cas. C'est plus sérieux quand il s'agit d'une fraude comptable, dont le but ultime consiste à manipuler le portrait financier de la société pour la rendre plus attrayante devant un éventuel acheteur.

Parfois, aussi, la fraude sera maquillée afin d'éviter d'attirer des regards indiscrets au moment de la vérification comptable.

Nous sommes ici sur un autre terrain, celui qui avoisine la collusion, la corruption et le trafic d'influence.

Décourager les fraudeurs

Détournement de fonds, truquage d'appels d'offres, cybercriminalité, fraudes comptables, corruption, trafic d'influence. La fraude prend diverses formes et cause des ravages qui se calculent parfois en millions de dollars.

«Il faut donc être deux fois plus vigilant et resserrer les contrôles en entreprise pour contrer ce phénomène grandissant», souligne Marie-Chantale Dréau.

Pour dissuader les fraudeurs et créer un environnement «protégé» au sein des entreprises, l'associée au sein du groupe Transaction chez PwC favorise la mise en place de contrôles antifraudes.

Elle propose huit étapes à suivre:

1- Mettre en place un système de gouvernance (surveillance par le comité d'audit et le conseil d'administration);

2- Réduire les risques de fraude (en encourageant les doubles signatures pour les chèques);

3- Établir un code d'éthique et de conduite (pour les employés et les membres de la direction);

4- Implanter des mécanismes de signalement des incidents (au moyen d'une ligne de dénonciation confidentielle);

5- Disposer d'un protocole d'enquête (y compris les rapports sur les opérations suspectes);

6- Définir un protocole de mise en oeuvre des mesures correctives;

7- Fixer des politiques pour les procédures d'embauche et de promotion (faire toutes les vérifications qui s'imposent);

8- Évaluer et tester les membres de la direction (prendre le temps de faire le bilan de ce qui va bien et de ce qui fonctionne moins bien).

Intervenir en amont

Marie-Chantale Dréau ne cache pas que la lutte contre le crime économique et les fraudes est un combat de tous les instants, et qu'il est nécessaire d'intervenir «en amont» pour prévenir plutôt que guérir. «Il faut le répéter, précise-t-elle, ça commence par la mise en place d'un programme antifraude. Ça concerne d'abord les membres de la haute direction, qui doivent donner le ton en matière de prévention et de détection.» Tous, au sein de l'entreprise, ajoute-t-elle, doivent être informés que c'est tolérance zéro pour la fraude et pour toute forme de comportement non éthique. «Il faut éviter de créer des occasions dont profiteront éventuellement les fraudeurs», dit-elle.