Pour contrer la fraude et mettre le grappin sur les fraudeurs, les entreprises n'appellent pas systématiquement la police. Elles font même de plus en plus appel aux agences de sécurité. Au Québec, on dénombre 33 000 agents et 1200 agences.

Or, cette industrie a eu un oeil au beurre noir à la suite de la mise au jour, dans La Presse, de l'affaire BCIA, au printemps 2010. Il a alors été établi que l'agence de sécurité, propriété de Luigi Coretti, avait des pratiques d'affaires douteuses et des entrées politiques inquiétantes. BCIA avait fait perdre environ 15 millions à des entreprises prêteuses québécoises, dont le Mouvement Desjardins.

Au cours de la même période, mais sans qu'il y ait un lien avec l'affaire BCIA, entrait en vigueur la Loi sur la sécurité privée, favorisant la mise sur pied du Bureau de la sécurité privée (BSP). Le mandat confié au Bureau était sans équivoque: professionnaliser et redonner de la crédibilité au milieu.

Éthique professionnelle

«Le ménage commence à se faire, confie le directeur général du BSP, Denis Lévesque. Nos efforts donnent des résultats.» Il ajoute: «Des agences sans permis ont fermé boutique et des agents indésirables ont décidé de faire autre chose depuis que nous veillons au respect de l'éthique professionnelle.»

Il concède qu'il peut encore y avoir, dans le domaine de la sécurité privée, «un petit pourcentage» d'individus au passé douteux.Mais les règles du jeu ont changé pour le mieux, selon lui. «Nous avons des règles strictes et personne ne doit y déroger, dit-il. Tout le monde, dans l'industrie, doit montrer patte blanche.»

Par exemple, pour travailler comme gardien de sécurité, il faut se soumettre à une formation de 135 heures qui donne au candidat tous les outils pour devenir un bon gardien «qui ne se prendra pas pour la police», précise le directeur général du BSP. En outre, les agences de sécurité sont tenues d'exploiter leurs entreprises avec un permis délivré par le Bureau.

Denis Lévesque affirme que c'est désormais toute l'industrie de la sécurité qui est «sous le radar» du BSP. «Tous doivent avoir leur permis, que ce soit le gardien de sécurité de Bell Canada, de la firme de sécurité Garda ou d'une firme qui installe des systèmes d'alarme, insiste-t-il. Même les détectives dans les magasins sont tenus de se conformer.»

Prévoir les failles

En matière de sécurité, il faut toujours prévoir les failles dans le système. Et c'est pourquoi le Bureau prend tous les moyens à sa disposition pour s'assurer que les agences, et leurs agents, marchent tous d'un bon pas. «Les entreprises clientèles peuvent consulter notre registre en ligne pour faire toutes leurs vérifications», fait valoir le directeur général. Les titulaires de permis d'agence peuvent eux aussi effectuer des vérifications du registre «pour s'assurer que les permis de leurs employés sont toujours valides».

En 2013, deux nouveaux inspecteurs se joindront à l'équipe d'inspecteurs formée de quatre spécialistes. «Nous ne manquons pas de travail», reconnaît Denis Lévesque. Il aime rappeler que le Bureau est un organisme privé d'autorégulation - «un modèle d'avant-garde», dit-il - qui compte 11 membres au conseil d'administration, dont quatre sont nommés par le gouvernement, et sept autres par les associations représentatives de l'industrie.