«Les escrocs lisent les nouvelles comme tout le monde et même plus attentivement que tout le monde», prévient Lisa Campbell, sous-commissaire au Bureau de la concurrence du Canada.

Ces dernières années, nous avons tous lu sur l'obésité, véritable épidémie et danger véritable pour la santé. Les arnaqueurs ont tôt fait d'offrir des cures miracles contre cette condition. «L'année 2011 a vu une recrudescence de ce type d'escroqueries», avance Mme Campbell.

«On va vous offrir, pour des montants relativement modestes (allant jusqu'à une centaine de dollars), une cure miracle aussi tentante que dépourvue de fondement médical. C'est offert par téléphone par circulaire postale ou par courriel. Comme ce n'est pas très cher, vous consentez à expédier les dollars que vous ne reverrez pas, pas plus que les résultats du régime», poursuit-elle

Le plus triste dans tout ça, c'est que les victimes de ce type d'arnaque, honteux, ne vont pas la dénoncer. Ils ont honte de leur problème de poids autant que de s'être fait avoir.

En 2011, selon le Centre antifraude du Canada, les escroqueries liées au marketing systématiquement trompeur ont coûté 64,2 millions de dollars aux victimes.

«Ça, c'est la pointe de l'iceberg, commente Paul Proulx, sergent d'état-major de la GRC. Pour connaître le vrai montant, multipliez par 20. Seulement une personne sur 20 dénonce le fait, se plaint et en général réagit.» Ce qui nous donne en 2011, pour les fraudes de marketing seulement, 1,3 milliard de dollars.

10 à 30 milliards par an

Les sommes totales escroquées aux Canadiens se situent, toujours selon le Centre antifraude du Canada, entre 10 et 30 milliards de dollars. «C'est à peu près ce que rapporte le trafic de drogues», conclut Paul Proulx.

Les classiques, c'est bien connu, ne se démodent pas. L'arnaque de l'amour instantané est un classique des agences de rencontre, virtuelles ou pas. Vous échangez quelques courriels avec ce qui semble le partenaire idéal. Puis suivent des centaines de conversations téléphoniques de plus en plus intimes.

«Ça s'étale sur des mois, prévient Paul Proulx. Et vous vous confiez de plus en plus: situation financière, détails professionnels, familiaux et autres. Et là, on planifie une rencontre, généralement dans un pays étranger. Hélas, l'être désiré ne se montre pas, mais fait bientôt savoir (par téléphone ou courriel) qu'un malheur l'a empêché de se présenter. Un malheur coûteux, très coûteux.»

Les coeurs sensibles voudront enrayer le malheur et leurs comptes en banque seront rudement mis à contribution. «Ça n'est que le début et ça peut durer des années. De cette escroquerie ou d'une autre, personne n'est totalement à l'abri. Il y a une arnaque pour chacun de nous», conclut le sergent Proulx.

Comment se défendre? «Jamais, au grand jamais, ne révéler d'informations personnelles ou financières à quelqu'un que vous ne connaissez pas parfaitement», martèle Julie Hauser, agente d'information à l'Agence de la consommation en matière financière.

PME visées

Les entreprises n'y échappent pas. Il y a des arnaques pour elles aussi. Les aigrefins d'IT Data Direct, «entreprise» montréalaise, ont pratiqué le pillage de PME sur une très vaste échelle.

«Ils vous vendaient des publicités dans des annuaires et des répertoires fantaisistes, ils vous obligeaient à leur prendre des trousses de premiers soins - «C'est une nouvelle loi, c'est obligatoire pour votre type de compagnie» - totalement inadéquates pour 10 fois le prix, ils vous vendaient des fournitures de bureau innommables, etc.», résume Lisa Campbell.

Le tout a rapporté 170 millions aux quatre entreprises du réseau. Le 22 septembre 2011, des accusations criminelles ont été portées contre cinq personnes de ce groupe.

«Pour protéger son entreprise, ce n'est pas compliqué, souligne Mme Campbell: vérifiez la validité de vos fournisseurs; vérifiez très régulièrement vos comptes bancaires pour vous assurer que vous n'avez pas donné le numéro de la carte de crédit de l'entreprise à un bandit; refusez toute vente sous pression.»