Non, mais ça prend-y un gripette! David Jones, fondateur de la société mobilière Wealthstreet en Alberta, a offert pendant 2010 et une partie de 2011 des titres devant rapporter des rendements faramineux. Curieusement, ces titres ne jouissaient d'aucune inscription boursière légitime et n'étaient décrits dans aucun prospectus régulier.

David Jones est allé jusqu'à prêter de l'argent à une dame pour qu'elle puisse acheter ses titres bidon. Il n'a demandé en garantie à sa cliente que sa maison! Ses intentions ne devaient pas être des plus pures puisqu'en décembre 2011, la cour de l'Alberta l'a condamné à une amende de 1,5 million.

Bill Rice, président des Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM), estime que les placements illégaux comptent pour la moitié des poursuites menées à terme par les polices boursières. Dans son rapport d'activité rendu public le 1er mars 2012, l'ACVM compte 66 poursuites sur placements illégaux en 2011 sur un total de 126 procédures.

Sur un total de 52 millions en amendes et pénalités diverses infligées aux requins des valeurs mobilières par les diverses autorités canadiennes, 41 millions le furent pour placements illégaux. Ce sont des placements sans inscription ni prospectus officiels, ou offerts par des personnes non autorisées. Et en plus des amendes, les truqueurs de titres ont dû rembourser 42,3 millions. Une restitution qui fait un trou dans le rendement.

«J'ai des connexions»

Nos Québécois ont aussi beaucoup de créativité dans le domaine de l'arnaque aux valeurs mobilières. Toujours selon le rapport d'activité 2011 de l'ACVM, Alain Péloquin a convaincu 147 investisseurs qu'il avait de mystérieuses «connexions fédérales».

Ces fantomatiques alliés devaient lui permettre d'acheter et de revendre des biens saisis par diverses cours fédérales avant même leur mise en vente à l'enchère. Il avait besoin d'une capitalisation de base pour commencer et promettait à ses bailleurs de fonds des rendements exceptionnels.

Pour appuyer ses dires, il a utilisé un stratagème de type Ponzi. Avec l'argent des investisseurs de seconde génération, il arrosait ceux de la première génération, dès lors convaincus de la véracité des promesses de Péloquin.

Ce dernier a soutiré 12 millions à ses victimes. Sauf que, pour l'instant, ses affaires sont au ralenti. L'Autorité des marchés financiers du Québec (AMF) a fait bloquer en 2011 tous ses comptes bancaires, ses immeubles, véhicules, etc.

Rendements de 1000 fois la mise!

Que dire de Warren English et d'Alain-André Desarzens, deux autres Québécois? Ils entretenaient une volumineuse correspondance, à tout le moins. Ces deux personnes ont expédié pendant des mois des milliers de courriels. Ils promettaient, pour une mise de fonds initiale relativement modeste de 10 à 300$, des rendements himalayens. Tenons-nous bien, de 10 000$ à 300 000$!

Le système a fonctionné comme un charme jusqu'à ce qu'au cours de 2011, l'AMF bloque des comptes bancaires s'élevant à 177 000$ et deux immeubles valant ensemble 416 000$.

J'ai un tuyau!

«Achetez sur rumeurs, vendez sur nouvelles», recommande l'adage boursier. Sauf que parfois, il se trouve des gens pour aider la rumeur. Yvan Guyon est un de ceux qui n'hésitent pas à donner un microphone et un gros amplificateur à la déesse aux cent bouches.

Il a utilisé un blogue pour diffuser de fausses informations sur Peterborough Capital Corporation (PCC), société inscrite à la Bourse de Toronto.

M. Guyon a notamment cité sur ce blogue des conversations bidon qu'il aurait eues avec le chef de la direction de PCC selon lesquelles d'imminents développements très positifs allaient être annoncés. Pendant ce temps, il se bourrait littéralement d'actions de PCC. Le titre de la société a triplé de valeur!

Mais la joie bien compréhensible du montreur d'ombres chinoises a été de courte durée. L'AMF a interrompu le spectacle et le juge a condamné M. Guyon, en novembre dernier, à payer une amende de 40 000$.