Même quand la conjoncture est moins facile, l'aérospatiale québécoise a besoin de développer les compétences des 44 000 personnes et plus travaillant dans l'ensemble de la province. Comment ? À travers des programmes de formation ou en associant les étudiants à la modernisation des procédés des entreprises.

Vers un MACH-FAB 4.0 ?

Dans le cadre des consultations du gouvernement du Québec pour sa stratégie aérospatiale, Aéro Montréal a proposé d'orienter des fonds vers le soutien de la fabrication intelligente. « L'intégration des technologies numériques dans la fabrication demande de nouvelles compétences et des formations plus évoluées, souligne Suzanne Benoit. On ne peut pas compétitionner contre les pays à bas coût de main-d'oeuvre si nous ne prenons pas ce virage numérique, qui nous permettra d'être plus productifs. » Abipa Canada, Groupe Meloche et APN ont déjà entrepris ce virage en mettant en place des cellules robotisées ou des systèmes experts qui prennent les décisions eux-mêmes.

APN : optimiser son efficacité

La firme d'usinage de précision APN a réussi en quelques années à optimiser de manière spectaculaire le taux d'utilisation de son parc de machines. « En usinage, les machines sont utilisées normalement à 30 % de leurs capacités, indique Yves Proteau, coprésident d'APN. Nous sommes arrivés à monter à plus de 90 % », se félicite-t-il. Comment la firme de Québec a-t-elle réussi cette prouesse ? En mettant au point son projet CIM (computer-integrated manufacturing) : l'ensemble des équipements et des systèmes de l'usine sont connectés, permettant de dresser en temps réel l'état des machines et l'avancement de la production.

Les étudiants en renfort

Les étudiants peuvent constituer un apport notable à un projet novateur, croit Yves Proteau. D'abord parce qu'ils permettent d'amorcer des projets pour lesquels des entreprises n'auraient pas eu les ressources humaines et financières. « Ils amènent aussi un côté neuf, une réflexion nouvelle, un savoir dans un domaine précis, témoigne M. Proteau, qui a lui-même confié des parties du projet CIM à des étudiants de l'École de technologie supérieure (ETS) de Montréal. Nous pouvions avancer et eux étaient motivés. » L'aspect financier n'est pas à négliger non plus, souligne M. Proteau, qui voit dans la participation des étudiants une contribution peu onéreuse au démarrage de projets risqués.

Planification dynamique

Le projet CIM d'APN ne permet pas seulement à l'entreprise d'utiliser son parc de machines de manière optimale. Les 125 employés de la firme de Québec peuvent se targuer de présenter zéro défaut et zéro livraison en retard auprès de son client principal depuis un an et demi. « Cela nous était totalement impossible auparavant », martèle Yves Proteau. À présent, APN vise à laisser le système planifier en continu la production de manière dynamique. « C'est un peu comme un GPS qui régénère un parcours si vous vous trompez de rue », illustre-t-il.

Le premier MACH 5

Depuis le lancement de l'initiative MACH en 2010, aucune entreprise n'avait atteint le niveau cinq, soit le niveau de maturité le plus élevé pour une firme engagée dans la chaîne d'approvisionnement québécoise. Aucune jusqu'à Alcoa Titane et Produits d'ingénierie, ex-RTI Claro, qui s'est vu attribuer la certification en décembre. « MACH a été un tremplin pour accélérer la mise en place d'améliorations, explique Christian Sauvé, vice-président et directeur général des produits d'ingénierie chez Alcoa Titane et Produits d'ingénierie. Dans le domaine de la formation, nous avons structuré la gestion des compétences de nos employés, pour assurer la formation adéquate. »

MACH : cohortes en formation

Avec une quatrième cohorte lancée à l'automne, l'initiative MACH en est à 47 entreprises engagées dans un processus d'amélioration continue, sous le parrainage de 28 firmes. Ce programme est destiné à rendre les PME plus matures dans leur capacité à participer à la chaîne d'approvisionnement québécoise. « Ce sont 380 projets d'amélioration continue qui ont vu le jour depuis le lancement de MACH », se félicite Suzanne Benoit, PDG d'Aéro Montréal, la grappe aérospatiale du Québec. D'ici 2016, le nombre de firmes bénéficiant de MACH devrait être porté à 70.