Dans le coin gauche, un étudiant fraîchement diplômé, fort des connaissances les plus à point dans son domaine et ayant de belles années devant lui. Dans le droit, un vieux routier aux expertises multiples.

Sur lequel des deux les entreprises aérospatiales préféreront-elles jeter leur dévolu ? La réponse se trouve peut-être au centre du ring.

Prenons l'exemple du Groupe MSB. Selon Patrick St-Louis, président de MSB Ressources Globales, division de l'entreprise spécialisée en placement, formation et intégration de la main-d'oeuvre, les deux types de travailleurs auront leur chance de se faire valoir au sein de l'entreprise. « Ça dépend de nos besoins et du moment où on a ces besoins », précise-t-il.

Son collègue Sony Boudreau, coprésident de la division conception et fabrication de l'entreprise, MSB Design, explique pourquoi il en est ainsi. L'entreprise vient justement d'embaucher 70 travailleurs. « C'est certain que si j'avais pu sélectionner 70 personnes capables de répondre à 100 % à nos besoins dès le jour 1, je l'aurais fait, dit-il. Mais ça arrive très rarement que quelqu'un ait tout ce qu'il faut dès le départ. »

C'est que dans le secteur aéronautique, chaque pièce et assemblage ne peut être conçu que par un employé qui a d'abord reçu une certification pour cette tâche précise, explique Sony Boudreau. « On doit être capable de prouver que les gens qui font le travail ont les compétences qu'il faut pour faire ce travail », précise-t-il.

De plus, le travailleur qui fait son entrée chez MSB Ressources Globales, et qui sera appelé à travailler chez des clients, doit presque à tout coup se soumettre à une ou plusieurs formations ou mises à niveau afin d'être autorisé à réaliser un travail précis. Certaines de ces formations se font en étroite collaboration avec le service d'enseignement continu de l'École nationale d'aérotechnique (ENA) du collège Édouard-Montpetit. D'autres sont réalisées chez MSB, par l'intermédiaire d'un formateur ou par compagnonnage.

Le cas Delastek

Les besoins de MSB en matière de main-d'oeuvre spécialisée ne représentent pas un cas unique dans l'industrie aérospatiale. Loin de là.

Chez Delastek, une PME mauricienne qui conçoit, fabrique et assemble des centaines de pièces différentes destinées au cockpit d'aéronefs, on aimerait bien aussi pouvoir compter sur une main-d'oeuvre qualifiée dès le départ. Toutefois, les certifications requises par chaque employé travaillant en fabrication sont si précises que peu d'entre eux échapperont à une formation donnée à l'interne. Des formations qui prendront chacune environ une journée pour chaque employé.

« Avec le temps et l'expérience, mais aussi les exigences techniques de nos clients, on a constitué plusieurs méthodes de formation qu'on appelle «instructions de fabrication» et «instructions générales», explique Mathieu Doucet, gestionnaire des programmes chez Delastek. Il doit y en avoir entre 300 et 400 différentes. »

Chaque nouvel employé de Delastek doit ainsi obtenir une partie de ces certifications afin de pouvoir travailler sur le plancher.

MDA

Comme chez les PME, les grandes entreprises de l'aérospatiale misent aussi sur un programme de formation des employés à l'interne. C'est le cas de MDA, entreprise spécialisée dans les technologies satellitaires.

Dans son cas, par contre, les employés spécialisés se font rares, si bien qu'on n'hésite pas à aller les chercher dès qu'ils quittent l'école.

« On aime bien prendre les nouveaux diplômés et les former dans notre société, explique Brigitte Pelletier, directrice des ressources humaines et installations à MDA, division systèmes satellitaires. Par contre, on a souvent des besoins à court terme qui ne nous permettent pas d'utiliser cette approche, surtout pour les postes en génie qui demandent un externat assez long. »

Afin d'intéresser les jeunes à la branche satellitaire plutôt qu'à celle de l'aéronautique, des employés de MDA enseignent chaque année à Polytechnique dans le cadre de cours en technologies spatiales. « Ça nous permet de former une génération d'ingénieurs qui obtiennent une certaine expertise dans notre domaine, dit Brigitte Pelletier. Autrement, ce serait très difficile à trouver localement. »