À la fin de janvier, il y a quelques semaines à peine, on a vu la première étape d'une importante collaboration entre l'École nationale d'aérotechnique (ENA) du collège Édouard-Montpetit et le Zhuhai Technician College, en Chine. Le collège chinois requiert l'aide de l'ENA pour lancer une nouvelle formation en maintenance d'aéronefs à l'aéroport de Zhuhai.

La première étape, franchie le mois dernier, consistait à mener et expédier une étude de faisabilité sur le réaménagement des hangars de l'aéroport de Zhuhai pour qu'on puisse y faire et y enseigner, surtout, l'entretien d'avions et d'autres aéronefs. Cette étude n'est que le premier volet prévu dans la convention de collaboration entre les deux collèges.

«Nous avons reçu nos alliés chinois du 8 au 10 janvier, raconte Serge Brasset, directeur général du collège Édouard-Montpetit et directeur de l'ENA. Nous leur avons fait faire le tour du propriétaire. Ils ont vu les cinq hangars, les ateliers spécialisés, les bancs d'essai, les souffleries, etc. Il leur est devenu clair que le réaménagement de leurs locaux était la priorité. Car, pour enseigner l'entretien d'aéronefs, il faut... entretenir des aéronefs.»

L'ENA a donc retenu les services d'experts et d'architectes pour rédiger l'étude de faisabilité. À l'étape suivante, on supervisera les travaux eux-mêmes. Puis les profs de l'ENA seront mis à contribution. Il s'agira d'enseigner aux futurs maîtres chinois l'art d'enseigner l'entretien des avions.

«Si on nous demande de nous engager, nous le ferons avec enthousiasme», assure Pierre Gillard, lui-même professeur au département d'avionique de l'ENA. La formation se fera sur place, à Zhuhai. Précisons que cette ville de 1,5 million d'habitants est située au sud de la Chine, dans la province de Guangdong, près de Macao. Zhuhai est un centre universitaire très important dans cette province.

«Nos amis chinois croyaient au départ qu'ils pourraient démarrer ce nouveau programme dès septembre 2013, se rappelle M. Brasset. Nous leur avons suggéré de reporter le tout à septembre 2014. Ils ont consenti. C'est qu'il faut monter le programme des cours, connaître le niveau de connaissance des élèves admis, adapter la formation aux types d'appareils qu'ils auront à entretenir, etc. Et il y a la formation des maîtres. Il ne faut pas brûler les étapes.»

Internationalisation de l'éducation

Cette collaboration s'inscrit, selon M. Brasset, dans le cadre d'une politique québécoise d'internationalisation de l'éducation. «Il s'agit, en bref, d'exporter notre savoir-faire. Cela se fait par des collaborations comme celle de Zhuhai, mais cela peut prendre d'autres formes.»

À l'ENA, il existe, par exemple, le programme Exploration ENA. Cet aspect de la formation des collégiens est destiné à élargir leurs connaissances en aéronautique par des visites dans des entreprises. En mars 2013, des élèves de l'ENA iront visiter des entreprises en aéronautique au Mexique. On visitera aussi des établissements d'enseignement supérieur, des bases militaires et des musées. Car en plus de la formation pratique, ces voyages ont aussi pour but d'initier nos jeunes à la vie culturelle.

Cette internationalisation de la formation n'est pas du goût de tous, comme le reconnaît le directeur de l'ENA. «De tels projets reçoivent un accueil frileux de la part de ceux que la mondialisation inquiète. Nous exportons nos emplois, nos connaissances. Je comprends ces inquiétudes et, jusqu'à un certain point, je les partage. Mais je suis convaincu qu'il est bien préférable de participer à ces réseaux d'échange de savoir-faire que de rester à l'écart. Je suis également certain que les bénéfices d'une telle initiative sont réciproques.»

Rappelons que l'ENA est située dans la zone de l'aéroport de Saint-Hubert. Elle accueille 1000 élèves réguliers et 6000 en formation continue.