Robert Sauvé, directeur de la gestion des infrastructures au Port de Montréal, est président de l'Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ) depuis juin, mais il a été pratiquement absent du radar médiatique. Juste avant les Fêtes, il a accepté d'accorder une entrevue à La Presse pour discuter de son arrivée en poste, de ses priorités et de ses stratégies.

Q Sur quoi vous êtes-vous concentré depuis votre arrivée comme président?

R «Le contexte était difficile: l'administration de l'OIQ avait connu deux revers de la part des membres alors qu'elle souhaitait augmenter la cotisation annuelle, il y avait eu une assemblée générale houleuse, il y a eu un nouveau conseil d'administration et un mandat d'accompagnement de l'Office des professions du Québec. Cela faisait beaucoup d'enjeux à discuter avant de prendre position sur quoi que ce soit.»

Q Quelles sont vos priorités pour votre mandat de deux ans?

R «Le rôle de protection du public de l'Ordre reste la priorité numéro un. Nous allons concentrer l'ensemble de nos activités sur cet enjeu. Il y a des choses à améliorer, notamment au niveau des inspections professionnelles. Nous avons dit d'ailleurs à la commission Charbonneau que nous souhaitons en faire davantage et mieux les cibler. Nous allons mettre cela en place. Notre autre grande priorité est de travailler à rapprocher nos membres. Un certain clivage s'est créé avec le temps entre l'OIQ et l'ensemble des professionnels. À la fin de janvier, nous entreprendrons une tournée des régions pour mieux connaître leur réalité, leurs préoccupations, et nous voulons leur annoncer la nouvelle direction que nous souhaitons prendre. Il y a de nombreux professionnels à Montréal, mais il y en a aussi beaucoup en région.»

Q Cette tournée est-elle une première dans l'histoire de l'OIQ?

R «En 2011-2012, il y avait eu une petite tournée de la présidence pour expliquer un nouveau règlement, indique celui qui a obtenu son diplôme de l'École de technologie supérieure (ETS) en génie mécanique en 1991. Je ferai la tournée en compagnie du nouveau directeur général, Chantal Michaud, et ce sera une première! Nous allons montrer que nous travaillons ensemble. M. Michaud saura amener plus loin le niveau de gestion et nous serons à l'écoute des membres, de leurs besoins. Nous voulons créer un pont plus direct aussi avec les membres qui n'ont pas toujours la chance de se déplacer pour les assemblées générales.»

Q Quel sera votre plus grand défi d'après vous?

R «Rapprocher les membres. Même si on a les meilleures idées, si les gens ne les comprennent pas, ils ne peuvent pas y adhérer. Il y a eu de nombreux changements au sein de l'OIQ en peu de temps, et je crois que bien des gens s'y sont perdus. On est à l'ère des communications, et nous voulons mettre en place un processus plus transparent. Nous voulons consulter davantage les membres. Par exemple, pourquoi ne pas le faire avant de mettre en place un nouveau règlement? Pourquoi aussi ne pas rendre accessibles sur notre site internet les procès-verbaux des séances du conseil d'administration? C'est dans cette direction que nous voulons aller.»

Q Jusqu'à maintenant, quel bilan tirez-vous de votre présidence?

R «Un bilan positif. L'ensemble des décisions du conseil d'administration a été pris de façon unanime, excepté une seule dissidence. Dans l'histoire de l'OIQ, on n'a jamais vu ça. C'est un changement complet par rapport à ce qui se passait avant. Plusieurs stratégies ont été mises en place pour y arriver. D'abord, à mon entrée en poste, j'ai consulté tous les administrateurs pour mieux les connaître et comprendre leurs motivations. Tous voulaient la même chose: que la profession retrouve sa fierté. Pour ça, nous devions être forts et solidaires malgré les divergences d'opinions. Il faut qu'il y ait des débats, mais ensuite, ça prend une unanimité au niveau du vote. On a aussi commencé à travailler les dossiers à l'avance plutôt que de les amener à brûle-pourpoint. L'Office des professions du Québec nous aide aussi beaucoup au niveau de la formation des administrateurs sur la compréhension de leur rôle, parce que ce n'est pas toujours facile.»

Q Pourquoi avez-vous décidé de devenir membre du conseil d'administration en 2013, puis président en juin, alors que c'est un moment difficile à passer pour les ingénieurs au Québec?

R «Parce que j'aime les grands défis! Aussi, parce que je suis très fier d'être ingénieur et que la profession m'a permis de retirer beaucoup tout au long de ma carrière. J'ai eu 50 ans et il vient le temps de redonner à cette belle profession. Il faut lui redonner toute sa valeur. Il y a eu des révélations à la commission Charbonneau, on a tous appris de ça, l'OIQ a beaucoup appris, et là, c'est le temps de tourner la page, de foncer.»