Les grands chantiers routiers du Québec, les enjeux environnementaux, le développement du Nord. Les manchettes en témoignent: les prochains défis des ingénieurs québécois seront nombreux et importants. Pour combler leurs besoins de perfectionnement et de mise à niveau, les ingénieurs se tournent vers des formations de plus en plus spécialisées.

«Les préoccupations des ingénieurs reflètent celles de l'ensemble de la population, atteste Etienne Couture, président du Réseau des ingénieurs du Québec (RIQ). Avec les 3000 à 4000 nouveaux diplômés chaque année, celles-ci s'orientent de plus en plus vers la question environnementale. Je dirais même que ces jeunes choisissent l'ingénierie pour apporter du changement de l'intérieur.»

Le développement durable arrive ainsi en tête des besoins des ingénieurs en formation continue, selon les sondages que réalise chaque année le RIQ auprès des firmes d'ingénierie québécoises, de ses membres et de ses formateurs.

Depuis l'adoption en 2011 du Règlement sur la formation continue obligatoire de l'Ordre des ingénieurs du Québec, les ingénieurs doivent réaliser 30 heures de développement professionnel par période de deux ans. Avec un total de 60 000 ingénieurs au Québec, les besoins sont immenses. «C'est la beauté du métier d'ingénieur au Québec: ses multiples spécialités. Outre les disciplines classiques, comme le génie mécanique, électrique ou civil, on développe aujourd'hui le génie aérospatial, biomédical, etc. Ces sous-expertises créent des besoins en formation continue.»

Format géant

Dans le contexte actuel, où les petites firmes se consolident et les projets sont de plus en plus grands, les ingénieurs ont exprimé leurs besoins pour acquérir des outils de travail plus adéquats. «Les ingénieurs diplômés il y a 25 ans requièrent de nouvelles notions en informatique, en gestion et en finances», énonce M. Couture.

Les ingénieurs québécois sont aussi appelés à travailler sur de grands travaux partout dans le monde. «On ne construira peut-être pas un nouveau pont au Québec, mais il s'en construit huit en Inde. Les firmes québécoises sont gestionnaires de projets à l'étranger, ce qui a pour effet de créer des besoins pour les ingénieurs d'ici.»

L'échangeur Turcot, l'autoroute Ville-Marie, le pont Champlain: au cours de la prochaine décennie, les mégaprojets d'infrastructures au Québec s'additionnent.

«Il y a un certain rattrapage à faire, comme nous l'ont rappelé certains événements dramatiques ces dernières années», dit-il. Les ingénieurs des équipes pluridisciplinaires affectées à ces travaux visent des formations complémentaires à leur expertise. «Un ingénieur mécanique pourrait acquérir une meilleure compréhension de la durabilité des infrastructures ou des outils et des enjeux du génie civil, par exemple», explique Etienne Couture.

Enjeux nordiques

Pour le Plan Nord, le président du Réseau des ingénieurs du Québec estime que les besoins substantiels de connaissances et de maîtrise des enjeux nordiques se feront sentir au cours des 40 prochaines années.

«Dans le Nord, les ingénieurs doivent procéder différemment. Une route ne se construit pas de la même façon à Montréal que sur un terrain nordique.»

M. Couture ajoute qu'en raison des changements climatiques, l'expertise même des ingénieurs du Nord se transforme. «Bientôt, ils ne pourront plus compter sur la présence du pergélisol [sous-sol perpétuellement gelé]. Si le Nord change, les besoins de formations spécifiques se font sentir.»

Formation en entreprise

Pour combler les attentes de ses membres, le RIQ offre 250 cours en génie, en gestion et en gestion de projet à Montréal, Québec, Sherbrooke et Chicoutimi. Les professionnels peuvent aussi s'inscrire aux formations offertes dans les facultés universitaires du Québec.

Un nouvel acteur a fait son entrée dans la formation continue. Les grandes entreprises offrent de plus en plus de formations personnalisées. Une tendance à laquelle le RIQ s'est ajusté. «Le bassin d'ingénieurs d'entreprises comme Bombardier ou Rio Tinto Alcan est suffisamment important pour faire venir les formateurs jusqu'à eux. Les cours offerts répondent aux besoins spécifiques de chaque milieu de travail», précise M. Couture.