Vous voulez embaucher un ingénieur informatique ou logiciel? Vous devrez user de stratégie.

«L'an dernier, nos diplômés du baccalauréat en génie logiciel et ceux en génie des technologies de l'information qui n'avaient pas trouvé un emploi grâce à un stage recevaient en moyenne 23 offres d'emploi», indique Yves Beauchamp, directeur général de l'École de technologie supérieure (ETS).

«On ne suffit pas à la demande en génie informatique et logiciel», affirme également Allan Doyle, directeur du service des stages et du placement à l'École polytechnique.

«On voit même des entreprises américaines, aussi en pénurie de main-d'oeuvre dans ces domaines, tenter de recruter nos finissants», ajoute-t-il.

Les perspectives d'emploi sont excellentes également dans les autres grands domaines de génie. Il faut savoir que le taux de placement des diplômés dans les écoles et départements d'ingénierie frôle les 100% au Québec depuis quelques années.

Les diplômés de l'ETS en génie de la construction à la recherche d'un emploi à la fin de leurs études ont reçu, en moyenne, 11 offres d'emploi chacun l'an dernier.

«Heureusement, 400 nouveaux étudiants sont entrés cette année en génie de la construction, précise M. Beauchamp. C'est la plus grande cohorte de l'histoire. Ça comblera une partie des besoins.»

Ingénieurs civils

Dans le domaine du génie-conseil, les ingénieurs civils sont très recherchés.

«On parle particulièrement des ingénieurs civils spécialisés dans les ponts et les viaducs pour travailler sur les grands projets d'infrastructure ici ou à l'international», précise Johanne Desrochers, présidente de l'Association des ingénieurs-conseils du Québec.

«Les ingénieurs mécaniques en bâtiment, comme ceux spécialisés dans les systèmes de ventilation et l'économie d'énergie, semblent aussi être une denrée rare», ajoute Mme Desrochers.

Le génie-conseil est aussi friand d'ingénieurs actifs dans le secteur industriel.

«C'est dû notamment à tout le développement qui se fait avec le Plan Nord», explique Johanne Desrochers.

«La demande mondiale est élevée pour les ressources naturelles, donc les ingénieurs miniers auront du travail au cours des prochaines années», indique pour sa part Etienne Couture, président du Réseau des ingénieurs du Québec.

Les écoles s'adaptent aux besoins

Différentes stratégies sont adoptées par les établissements de formation pour répondre à la forte demande des entreprises. Par exemple, alors que l'ETS réservait ses programmes de baccalauréat aux étudiants canadiens, elle vient d'entrouvrir la porte à l'international.

«En France, on trouve des formations qui s'apparentent à nos diplômes d'études collégiales techniques, indique Yves Beauchamp. Nous acceptons donc maintenant une cinquantaine d'étudiants français par année et nous regarderons s'ils s'intégreront bien au milieu du travail.»

Les établissements d'enseignement multiplient aussi les efforts pour s'assurer que leurs programmes de formation demeurent pertinents pour les besoins des entreprises. Notamment grâce aux gens de l'industrie qu'ils intègrent dans leurs comités d'évaluation des programmes, aux chercheurs qui tissent des liens avec les entreprises, mais aussi, aux stages.

«Avec notre formule d'enseignement coopératif, nous avons 2700 étudiants en stage le tiers de l'année, indique Yves Beauchamp. Les coordonnateurs de stage encadrent les étudiants et visitent les entreprises. Ils sont de bonnes antennes. Si on cible des lacunes, on adapte l'enseignement.»

Parfois, les établissements réalisent que certains secteurs d'activité ont besoin d'un coup de pouce particulier en matière de formation de main-d'oeuvre. Par exemple, Polytechnique a décidé de mettre sur pied en 2008 un baccalauréat en génie aérospatial plutôt que de se contenter d'une concentration.

«C'est un domaine important pour le Québec», affirme Pierre G. Lafleur, directeur des affaires académiques et internationales à l'École polytechnique.

«Les travailleurs de l'industrie doivent avoir une formation spécialisée multidisciplinaire comprenant des notions de génie électrique, de génie logiciel, etc. Pour créer le nouveau baccalauréat, nous sommes allés chercher les forces vives de nos différents programmes», ajoute-t-il.

Le baccalauréat en génie biomédical a aussi été créé la même année à Polytechnique.

«Avec la construction des deux grands hôpitaux à Montréal, indique M. Lafleur, il y a toute une industrie à soutenir. Il faut s'adapter au contexte québécois.»