L'actif des fonds communs de placement a reculé de 3,7 % en 2018 pour terminer l'année à 1420 milliards de dollars, selon l'Institut des fonds d'investissement du Canada (IFIC). Cette situation est attribuable à plusieurs facteurs, mais ces produits sont loin d'avoir perdu la faveur des investisseurs.

La volatilité importante des marchés, particulièrement à la fin de l'année, est en partie responsable de la diminution des actifs. « Nous avons connu le pire mois de décembre depuis 1931, souligne Léon Garneau Jackson, directeur général de l'est du Canada chez BMO Gestion mondiale d'actifs. Les marchés ont été très volatils en novembre et décembre, et les investisseurs sont devenus frileux. »

La hausse des taux d'intérêt a également influencé les investisseurs dans leurs choix de placements.

« Il y a un effet sur les fonds obligataires, signale Sébastien Vallée, directeur principal, développement et gestion des solutions, de placement chez Desjardins. Lorsque les taux montent, les valeurs descendent. De plus, les taux des épargnes à terme sont plus intéressants, et cela peut être une alternative. »

« L'incertitude politique et économique entourant les différends commerciaux mondiaux a introduit une prudence qui affecte les ventes de fonds d'actions à long terme », souligne également Paul Bourque, président et chef de la direction de l'IFIC.

Finalement, la hausse des taux peut également soulever des inquiétudes chez les personnes endettées. Elles pourraient choisir de rembourser leurs dettes au lieu d'investir.

Concurrence avec les FNB

Mais au-delà de ces soubresauts économiques, la popularité grandissante des fonds négociés en Bourse (FNB) a aussi des conséquences.

« Les FNB répondent mieux aux besoins de certaines personnes, alors ils se substituent aux fonds communs de placement dans certains cas. »

- Sébastien Vallée, directeur principal, développement et gestion des solutions de placement chez Desjardins

Malgré la volatilité des derniers mois, les actifs des FNB ont d'ailleurs connu une hausse de 6,5 % en 2018 pour atteindre 156,7 milliards, selon l'IFIC.

La hausse de popularité des FNB a aussi entraîné une diminution des frais de gestion du côté des fonds communs de placement. « Depuis 2015, les sociétés canadiennes de fonds communs de placement ont ajusté les prix de plusieurs de leurs produits à un rythme sans précédent, indique M. Bourque, citant un rapport de 2017. L'accélération de différentes tendances en place depuis plusieurs années a incité les sociétés à réduire le coût de leurs fonds. »

Pas étonnant que la majorité des entreprises aient commencé à offrir les deux types de produits ! « C'est une tendance qui va aller en augmentant, estime M. Bourque. Avoir accès à la fois aux FNB et aux fonds communs de placement offre aux investisseurs et aux conseillers une gamme plus large de produits et de stratégies de placement pour construire des portefeuilles personnalisés. »

Les frontières entre les FNB et les fonds communs de placement sont d'ailleurs de plus en plus floues. « Le monde de l'investissement change, note M. Garneau Jackson. Maintenant, il y a des FNB de gestion active et des fonds communs de placement où on utilise des FNB, par exemple. C'est de plus en plus complexe et il y a toujours plus d'options. »

Néanmoins, les fonds communs de placement conservent la confiance des investisseurs pour les aider à atteindre leurs objectifs financiers. « Un sondage mené l'an dernier confirme qu'ils continuent à surperformer les autres produits financiers à cet égard à 89 %, un record de tous les temps », signale M. Bourque.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Léon Garneau Jackson, directeur général de l'est du Canada chez BMO Gestion mondiale d'actifs