En décembre, la Bourse américaine a chuté de 16 % en à peine trois semaines. Un mois et demi plus tard, elle avait presque tout regagné. L'épisode a certainement contribué à instaurer chez les détenteurs de fonds communs une certaine confusion quant aux perspectives des marchés. Quels fonds faut-il alors privilégier ? Quels sont les bons produits pour faire face à une période qui pourrait bien être marquée par une forte volatilité ? Des experts nous aident à y voir plus clair.

Fin de cycle ?

Avant de céder aux craintes que suscite la récente volatilité des marchés boursiers et de tout vendre ses fonds d'actions, il faut se demander si nous arrivons à la fin du cycle économique, explique Léon Garneau Jackson, directeur général, est du Canada, de BMO Gestion mondiale d'actifs. « Quant à nous, on ne le croit pas », dit-il. En accord avec le consensus des économistes qui ne prévoit pas de récession aux États-Unis avant 2020, il constate que les taux d'intérêt demeurent somme toute très bas, et que très peu d'autres hausses pointent à l'horizon. « Il ne faut pas s'alarmer, mais plutôt demeurer quelque peu surpondéré en actions », dit-il. Il croit que les actions procureront un rendement intéressant cette année.

Le « ratio de capture »

Si l'on doit être exposé aux marchés des actions, mieux vaut le faire avec les fonds qui permettent d'espérer le meilleur rendement relatif à moyen terme, et cela, peu importe les conditions du marché.

Un des outils pour déterminer ces fonds est le « ratio de capture » à la hausse et à la baisse, explique Fabien Major, associé principal à la succursale d'Outremont de Gestion de patrimoine Assante. « Ce ratio mesure le comportement du rendement d'un fonds par rapport à son indice de référence au cours des marchés haussiers autant que lors des marchés baissiers », dit-il. Il indique dans quelle mesure le fonds a gagné plus que son indice de référence lorsque le marché montait, et perdait moins lorsque celui-ci baissait.

Les bienfaits de la diversification

Bien que l'on n'en prévoie pas la fin pour tout de suite, il faut admettre que nous sommes tard dans le cycle économique, constate Terry Dimock, gestionnaire de portefeuille en chef, chez Banque Nationale Investissements. La prudence est de mise, et la meilleure façon d'être prévoyant est de détenir un portefeuille bien diversifié, comprenant des actifs non corrélés, selon lui. « Même si l'on ne prévoit pas de récession à court terme, un portefeuille bien diversifié permettra dans un premier temps de réduire la volatilité du portefeuille », dit le gestionnaire. Il y a aussi les fonds de répartition d'actifs, rappelle Léon Garneau Jackson. En achetant ce type de fonds, vous confiez à un gestionnaire professionnel la responsabilité de pondérer le portefeuille en fonction des perspectives et de le remanier lorsque la situation l'exige. Pour un portefeuille diversifié, l'histoire démontre que c'est la répartition d'actifs qui détermine le rendement, la sélection des titres comptant pour peu, rappelle Fabien Major.

Les infrastructures, un investissement accessible à tous

Parlant d'actifs non corrélés, les investissements dans des actifs réels, soit les infrastructures, ont justement démontré leur utilité au cours de la récente période de volatilité, explique Terry Dimock. Des fonds communs d'actifs réels permettent aujourd'hui à tous les individus d'investir dans les infrastructures telles que le transport, l'énergie, la santé, l'immobilier, les communications et bien d'autres. « Ces investissements, très prisés des grands investisseurs pour les flux financiers constants qu'ils génèrent, constituent un outil très intéressant de diversification », dit-il. À preuve, la Caisse de dépôt et placement du Québec a annoncé il y a quelques semaines qu'alors que son portefeuille d'actions, malmené par la chute importante des marchés boursiers en fin d'année, ne lui avait rapporté que 3,5 % en 2018, son portefeuille investi dans les infrastructures avait généré pour sa part un rendement de 9 %.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Fabien Major, associé principal à la succursale d'Outremont de Gestion de patrimoine Assante