Dans l'univers des solutions d'investissement, les fonds négociés en Bourse (FNB) ont pris une place importante autant pour les individus que pour les gestionnaires institutionnels. La croissance rapide du nombre et la diversité de ces fonds à faible coût forceront-elles maintenant l'industrie des fonds communs de placement à se réinventer ?

À l'Institut des fonds d'investissement du Canada (IFIC), on ne parle pas de concurrence entre les deux types de fonds, mais plutôt de complémentarité, affirme d'emblée son président, Paul C. Bourque. D'ailleurs, 90 % des fournisseurs de FNB sont aussi membres de l'Institut, note-t-il.

Le développement des FNB fait partie de la solution pour l'investisseur, selon les dirigeants de l'IFIC.

« Le but ultime est que l'investisseur ait l'embarras du choix quant aux produits, aux stratégies et aux frais », rappelle M. Bourque.

En fonction des objectifs de l'investisseur, les deux types de fonds ont certainement leur place, selon lui.

Les fournisseurs de fonds communs ont rapidement reconnu la complémentarité des FNB et de leurs produits, évoque également Léon Garneau Jackson, vice-président, est du Canada, à BMO Gestion mondiale d'actifs. « De grandes familles de fonds telles que CI Investments, Placements Mackenzie, Fidelity, entre autres, ont créé leurs propres FNB », dit-il. La plupart des grandes banques canadiennes développent d'ailleurs des FNB.

QUESTION DE FRAIS

La popularité des FNB tient beaucoup, selon de nombreux observateurs, à leur faible coût comparativement à celui des fonds communs. Réduire le coût de ses produits d'investissement est certes important pour l'investisseur, car cela a un impact considérable sur le rendement. Mais le conseil d'expert a aussi une valeur importante, indique le président de l'IFIC. Le choix de privilégier les FNB plutôt que les fonds communs devient une décision de chaque investisseur en fonction de ses besoins, selon lui.

L'émergence des FNB dans l'univers de l'investissement a certainement ramené au premier plan la discussion sur les coûts des différents véhicules de placement, note Léon Garneau Jackson. « Le résultat est que l'industrie des fonds communs s'est adaptée et que les coûts ont diminué », dit-il.

Certes, les FNB ont constitué un « wake-up call » pour l'industrie des fonds communs en ce qui concerne les frais, croit également Hélène Gagné, gestionnaire de portefeuilles à Peak Gestion privée. Toutefois, bien que l'on note une certaine baisse des frais des fonds communs, les réductions ne sont pas très importantes, selon elle.

Malgré des frais moins élevés, les FNB ne risquent probablement pas de déloger les fonds communs. Ceux-ci constituent un produit d'investissement avec lequel les consommateurs se sont bien familiarisés avec le temps, note Hélène Gagné. « Malgré la popularité grandissante de la gestion passive qu'indique le développement des FNB, plusieurs préfèrent toujours le modèle de gestion active qu'offrent les fonds communs malgré ses lacunes quant aux frais », dit-elle.

Si la croissance des FNB semble pour l'instant plus rapide que celle des fonds communs, c'est que le produit est plus jeune, croit Léon Garneau Jackson. L'industrie des fonds communs est encore 10 fois plus grande que celle des FNB, estime-t-il.

Cela ne signifie pas que l'industrie des fonds communs ne fait pas actuellement face à plusieurs facteurs de changements, indique Paul C. Bourque. 

« Les tendances démographiques, les développements technologiques et l'appétit des régulateurs pour plus de transparence et d'éthique sont tous des enjeux qui marqueront l'évolution de l'industrie des fonds communs au cours des prochaines années. »

- Paul C. Bourque, président de l'Institut des fonds d'investissement du Canada

GESTION EFFICACE

C'est en jumelant fonds communs et FNB que l'on atteint une meilleure efficacité dans la gestion du portefeuille, explique Annamaria Testani, vice-présidente, Banque Nationale Investissements. Les FNB sont un excellent outil pour la gestion tactique. « Ils permettent de facilement sur ou sous-pondérer certains secteurs lorsque cela s'avère approprié », dit-elle. En combinant FNB et fonds communs, on peut également réduire la volatilité du portefeuille et modifier facilement au besoin sa répartition, ajoute-t-elle.