Les Canadiens ont une solide confiance dans les fonds communs comme outils d'épargne et d'investissement. Selon un sondage réalisé par la firme Pollara pour la BMO, 47% des gens qui épargnent ont des fonds communs dans leur portefeuille.

Même son de cloche chez Gestion de patrimoine TD: «Nos coups de sonde indiquent que 80% des gens font confiance aux fonds communs, et cette confiance augmente nettement depuis 2009 et les pires moments de la crise financière», confirme Hélène Paradis, conseillère en placement chez Gestion de patrimoine TD.

En fait, les fonds communs sont devenus le véhicule numéro un de l'épargne et de l'investissement au Québec. «Ils représentent 42% des ventes de produits d'investissement chez nous», constate Denis Dion, chef de produit, Gestion du patrimoine Desjardins.

Bianca Dupuis, vice-présidente adjointe, gestion des produits d'investissement, à la Banque Laurentienne, abonde aussi dans ce sens. «Ils sont devenus très populaires parce que les taux d'intérêt très bas annulent la capacité d'un rendement réel sur bien d'autres produits. Les fonds, eux, ont un potentiel de croissance plus élevé. Voilà pourquoi, d'après nos enquêtes, 40% des épargnants de 25 à plus de 70 ans ont des fonds communs.»

Dave Richardson, vice-président de RBC Gestion mondiale d'actifs, calcule qu'au 30 juin 2013, les investisseurs au Canada détenaient pour 907 milliards de dollars de fonds communs. «C'est clairement plus que les 580 milliards de comptes d'épargne ou de comptes de chèques bancaires et que les 469 milliards de dépôts à terme.»

Fonds de fonds

Tout en haut du palmarès des fonds communs, on trouve les fonds de fonds. Ce sont des fonds communs comprenant des fonds d'actions, des fonds d'obligations et d'autres véhicules financiers. On peut en doser la composition selon la conjoncture économique et la résistance au risque du détenteur.

«Ces fonds-là sont immensément populaires, assure Denis Dion. Pour l'année 2013, au 31 août, il s'est vendu pour 32 milliards de fonds communs, dont 25 milliards de fonds de fonds. Les gens les aiment parce qu'une fois que le client a mesuré où il se place dans l'échelle entre l'audace absolue et la sécurité totale, le conseiller peut lui composer un fonds de fonds qui lui convient. Et le client n'a plus à s'en préoccuper.»

Car après un rendement décent, les objectifs du détenteur de fonds au Québec sont la simplicité du véhicule, sa transparence et l'absence d'efforts nécessaires pour le gérer. «Les solutions tout-en-un ont la cote, assure Bianca Dupuis. Les gens adorent les produits à rééquilibrage automatique, par exemple. Supposons que, dans votre fonds de fonds, vous ayez indiqué 20% comme limite maximale de la valeur des fonds d'actions. À la suite d'un sursaut boursier, vos fonds d'actions montent à 25%. Dans un fonds à rééquilibrage automatique, le gestionnaire réajustera immédiatement la composition du fonds pour ramener le tout à la proportion demandée.»

Fuir la volatilité

Des fonds de plus en plus populaires permettent de s'investir dans l'actionnariat de certaines entreprises sans subir la bipolarité chronique de la Bourse. Jean Masson, directeur général, Gestion de placement TD, observe que des fonds spéciaux jouant justement ce rôle montent en popularité depuis quatre ans environ.

«Ces fonds regroupent des actions d'entreprises solides et relativement exemptes des creux des cycleséconomiques, dit-il. Ce sont des entreprises oeuvrant dans des domaines comme la pharmacie, l'épicerie, les télécommunications. Leur rendement à long terme est proche de celui des grands indices boursiers (le Standard&Poor's 500, par exemple), mais il évite les montagnes russes trop coutumières de la Bourse.»

M. Masson signale enfin la popularité des fonds d'actions très diversifiés. «L'éclatement de la bulle techno a rendu les fonds spécialisés en TIC ou en biotechnologies impopulaires. On préfère étaler ses placements plutôt que le tir groupé.»

CHUTE DES FONDS OBLIGATAIRES

Hélène Paradis, conseillère en placements chez Gestion de patrimoine TD, fait le même constat que tous les experts consultés: les obligations gouvernementales ont cessé de plaire depuis le début de 2013. «Depuis qu'on commence à espérer sérieusement une remontée des taux d'intérêt, les produits à revenu fixe plaisent beaucoup moins, remarque-t-elle. C'est le cas des fonds obligataires.»

Selon Mme Paradis, en 2012, échaudés par la crise financière, les Canadiens avaient acheté pour 13 milliards de dollars de fonds obligataires. Depuis le début de 2013, il s'en est vendu pour seulement 314 millions.

Où est passé l'argent? Vers les fonds d'actions. Alors qu'on en larguait pour 8,9 milliards en 2012, on en a acquis pour 2,4 milliards depuis le début de cette année.