Un peu étourdi par les récents tumultes boursiers? Échaudé par votre état de compte du troisième trimestre, au 30 septembre?

Consolez-vous un peu. Même les experts de la Bourse sont déboussolés peinent à rajuster leur compas par les temps qui courent.

Pourquoi? Les variables à risque pour les perspectives boursières demeurent en abondance record depuis la crise financière et le krach allongé d'il y a trois ans.

État de siège financier et bancaire en Europe, crainte de récession en Amérique du Nord, doutes envers la croissance en Chine et les autres pays émergents, bas taux d'intérêt qui dépriment le marché obligataire.

N'en jetez plus, la cour est pleine!

Dans ce contexte, il est tentant pour les particuliers-investisseurs de jeter l'éponge et d'attendre le retour de jours meilleurs.

«Ils ont des raisons d'avoir perdu un peu confiance. La volatilité des derniers mois a sans doute ravivé l'impression de casino envers la bourse parmi les petits investisseurs», déplore François Bourdon, chef adjoint des placements chez Fiera Sceptre, firme de Montréal qui gère 30 milliards en fonds d'investissement.

Occasions d'achat

Toutefois, les investisseurs moindrement aguerris savent que ces épisodes de grand stress boursier font souvent émerger des occasions d'achat de titres de valeur à prix déprimé.

Et ces temps-ci, c'est vers les Bourses américaine et canadienne que s'oriente le plus la faveur des stratèges boursiers et des gestionnaires de portefeuille consultés.

«En l'absence de récession et de crise financière aux États-Unis, les actions américaines sont descendues à de bonnes valeurs historiques. En fait, c'est la seconde fois seulement depuis les années 50 que le rendement en dividendes de l'indice S&P 500 dépasse celui des obligations américaines de 10 ans. L'autre fois, c'était en décembre 2008 lors de la crise financière», résume Ed Sollbach, stratège boursier chez Valeurs Mobilières Desjardins, dans un récent avis à ses clients-investisseurs.

Quant à la Bourse canadienne, «le rendement en dividendes des titres de l'indice S&P/TSX dépasse aussi celui des obligations canadiennes de 10 ans. L'écart est le plus grand depuis la Deuxième Guerre mondiale!»

Bref, il y aurait de belles occasions à rechercher sur les Bourses nord-américaines pour le moyen et le long terme.

Quant aux marchés obligataires, avec la possibilité pas trop lointaine d'un faible redressement des taux d'intérêt, les feux sont déjà au jaune pour les obligations gouvernementales à long terme.

«Les appréhensions récentes envers une autre récession aux États-Unis s'avèrent exagérées au fur et à mesure des nouvelles données économiques. Tout au plus, l'économie nord-américaine ralentit en croissance timide, mais pas en récession. Il ne semble pas y avoir d'effet de contagion financière et économique provenant de l'Europe, comme on l'a craint jusqu'à récemment», explique Vincent Delisle, stratège boursier principal chez Capitaux Scotia.

Dans ce contexte, les corrections à la baisse des prochains profits des grandes entreprises américaines, que l'on appréhende tant en Bourse, pourraient être moindres qu'anticipés.

Bourses nord-américaines

C'est pourquoi la Bourse américaine - l'indice S&P500 - est en tête de liste des préférences d'investissement à moyen terme de Vincent Delisle. Il en attend un rendement total de l'ordre de 18% d'ici un an, par rapport à 15% pour la Bourse canadienne et «de 10% à 12%» pour les marchés émergents.

Chez Fiera Sceptre, le chef adjoint des placements, François Bourdon, a aussi une préférence pour les Bourses nord-américaines pour la recherche de bonnes valeurs à moyen terme.

«Le marché canadien est premier sur ma liste, avec un rendement anticipé de 13% d'ici un an. La Bourse américaine est deuxième, avec un rendement attendu de 6%», indique-t-il.

Ailleurs dans le monde, M. Bourdon anticipe une stagnation boursière en Europe d'ici un an, alors que les principales Bourses d'Asie pourraient rebondir «de 6 à 7%».

«En dépit de la situation en Europe, la croissance économique mondiale demeure relativement bonne. C'est favorable pour la Bourse canadienne, notamment pour le marché pétrolier, résume-t-il.

«Quant aux États-Unis, il n'y a pas de récession comme on le craignait encore récemment. Les entreprises américaines ont rehaussé leur compétitivité, mais elles attendent des actions économiques plus claires de Washington avant de se mettre à investir.»

INDICES BOURSIERS

Indice (bourse) variation 3 mois (1) Variation en 2011 (1) variation 5 ans (1)

S&P/TSX (Toronto) -9,8% -9,5% -0,2%

S&P500 (USA) -6,7% -0,2% -8,9%

DOWJONES (USA) -6% "2,9% -1,7%

FTSE-100 (Londres) -6,5% -5,9% -10,2%

DAX (Francfort) -17,3% -12,4% -3%

NIKKEY 225 (Tokyo) -12% -13,5% -47%

HANG SENG (Hong Kong) -15,8% -18,5% -3,3%

Note1: variations en devise locale Source: Bloomberg