Lorsqu'on décide de commencer à investir dans des fonds communs, on a l'embarras du choix. Quelles variables regarder pour prendre ses décisions?

Aux yeux de Michel Lessard, directeur principal, gestion des gestionnaires, Desjardins gestion d'actifs, le premier élément à regarder est l'équipe derrière le fonds.

«Les gestionnaires de fonds, ce ne sont pas des machines, mais des personnes. Il faut regarder qui sont ces personnes, depuis quand elles gèrent le fonds, etc. Il faut chercher une certaine stabilité dans l'équipe de gestion», affirme-t-il.

Équipe de gestion

Pourquoi la stabilité est-elle si importante?

«Parce qu'un grand taux de roulement n'est pas souhaitable dans n'importe quelle entreprise. L'instabilité peut être symptomatique d'un problème au sein de la firme, ou dans la structure de rémunération. Il se peut aussi que ce soit parce que le fonds n'a pas fait suffisamment de rendement dans les dernières années. Cela dit, des gens ont tout de même le droit de partir, ou de prendre leur retraite», nuance M. Lessard.

Les planificateurs financiers ont accès aux informations sur les équipes de gestion des fonds communs.

Ensuite, Michel Lessard conseille de regarder le processus de gestion du fonds.

«Le gestionnaire a-t-il une approche fondamentale, c'est-à-dire qu'il choisit ses entreprises en allant les visiter et en rencontrant l'équipe de management? Va-t-il investir dans les entreprises qui ont la meilleure croissance soutenable? Va-t-il plutôt choisir ses entreprises par des facteurs quantitatifs comme sa dette? Il n'y a pas une façon meilleure que les autres, mais il faut être à l'aise avec son choix», indique-t-il.

Volatilité

Avant d'investir dans un fonds commun, il faut également regarder sa volatilité.

«Il faut regarder l'historique et la réaction du fonds lorsqu'il y a une hausse ou une baisse dans sa classe d'actifs. Si le gestionnaire est resté le même, on se dit que le passé sera garant du futur», affirme Yanic Chagnon, directeur général, solutions de placement, Banque Nationale Groupe financier.

«Il faut regarder si le fonds est assez diversifié, ou trop puisque cela peut faire augmenter les frais. Il faut regarder les secteurs et les pays où il investit. C'est bien aussi de vérifier si l'approche de gestion qu'on attribue au fonds est bien respectée par le gestionnaire», renchérit M. Lessard.

Performance

Finalement, on ne s'en sort pas. Il faut regarder la performance du fonds. Avec tous les risques que cela suppose!

«Il faut être prudent lorsqu'on regarde la performance des fonds, prévient Michel Lessard. Pratiquement tous les fonds vont connaître de la sous-performance à une période donnée. Cela ne signifie pas que ce sont de mauvais fonds. Il faut être patient parfois.»

Il croit que les investisseurs doivent regarder la performance sous différents angles.

«Il faut voir par exemple si la performance s'améliore. Aussi, il ne faut pas évaluer la performance d'un fonds dans l'absolu, mais la comparer avec ses paires et par rapport à une cible de référence comme le S&P TSX», affirme M. Lessard.

Frais de gestion

Yanic Chagnon conseille aussi de regarder les frais de gestions du fonds.

«Ils jouent un rôle sur le rendement final puisqu'ils sont retranchés», précise-t-il.

Les deux experts s'entendent pour dire que regarder le rendement des 10 dernières années d'un fonds ne constitue pas la meilleure stratégie.

«Souvent, en 10 ans, il y a eu des changements dans la gestion du fonds, affirme M. Lessard. On est mieux de regarder la dernière année, ainsi que les trois et les cinq dernières années. Par contre, ce n'est pas une bonne idée de regarder le dernier trimestre, ou le dernier mois parce qu'il n'y a pas assez de perspective.»

Pour sa part, Yanic Chagnon conseille de regarder le rendement prévu.

«Il y a des études qui sont faites, précise-t-il, et on peut les regarder avec son planificateur financier.»

QU'EST-CE QU'UN OUTIL DE CORRÉLATION?

Différents fonds communs ne vont pas tous réagir de la même façon sur les marchés en fonction des conditions et des cycles. Pour savoir précisément comment les fonds ont tendance à se comporter, les institutions financières utilisent un outil de corrélation. «Certains fonds se comportent de la même façon, d'autres de façon contraire, alors que d'autres sont indépendants», affirme Yanic Chagnon, directeur général, solutions de placement chez Banque Nationale Groupe financier.

Lorsqu'on construit un portefeuille, pour avoir le plus de stabilité possible, on a avantage à choisir des fonds avec des évolutions différentes.

«Si certains fonds descendent, ça en prend quelques-uns qui vont monter pour venir équilibrer le tout. En utilisant l'outil de corrélation, on arrive à aller chercher un effet stabilisateur. Certaines combinaisons de fonds permettent également d'obtenir plus de rendement et moins de volatilité que si on prenait ces fonds séparément», affirme M. Chagnon. Lorsque les institutions financières créent des portefeuilles clé en main pour différents profils d'investisseurs, elles utilisent l'outil de corrélation.

«Un investisseur autonome n'y a pas accès, affirme Yanic Chagnon. Il peut tout de même faire sa recherche sur les différents fonds et arriver à créer un très bon portefeuille. L'outil de corrélation permet de passer de très bon à optimal.»