Fondatrice de Cycle Capital Management, Andrée-Lise Méthot dit faire partie du 1 % de femmes gestionnaires de firmes spécialisées en capital de risque au Canada. Forte de 20 ans d'expérience, la lauréate du prix Inspiration-Andrée-Corriveau de l'Association des femmes en finance du Québec transmet ses conseils à celles qui suivront ses traces.

NE PAS S'AUTOEXCLURE

Les femmes évoluant en finance sont rares, c'est vrai, mais Andrée-Lise Méthot insiste pour qu'elles n'abandonnent pas ce choix de carrière parce que les femmes ont parfois du mal à y faire leur place. « On ne peut pas choisir une profession en pensant qu'on sera l'une des seules femmes, dit-elle. Je suis l'une des femmes qui gèrent le plus d'argent en capital de risque au Canada. Je suis contente de ce que j'ai accompli, mais je ne me sens pas unique. J'ai toujours évolué dans des milieux largement masculins, comme la physique, le génie et la techno. C'est naturel pour moi. Si les femmes aiment la finance et qu'elles veulent y travailler, elles doivent oser. »

PROFITER DU CHANGEMENT

Citant la BDC, qui met en place des programmes favorisant la montée des femmes dans le capital de risque, Mme Méthot juge que le timing est très bon pour les femmes actuellement. « La société est plus ouverte et les outils sont davantage à leur portée. Si elles sont bonnes, elles doivent en profiter pour performer ! »

GÉRER LE RISQUE ET L'ÉCHEC

La gestionnaire a le sentiment que les femmes ont un malaise par rapport à l'échec qui nuit à leur progression. « Les femmes réagissent souvent moins bien aux échecs, parce qu'elles ne sont pas en contrôle, explique-t-elle. Mais ça fait partie du cheminement. J'en ai eu. Tout le monde en a eu. En capital de risque, l'apprentissage passe par l'échec. » Elle valorise également les vertus de la prise de risque. « Plus on en prend, plus on a des chances d'avoir des occasions. Et les femmes ont une bonne appréciation du risque. »

NE PAS ATTENDRE LA PROMOTION

« Les femmes pensent souvent que parce qu'elles font un excellent travail, elles seront reconnues, mais la meilleure façon de l'être, c'est d'en parler », souligne Mme Méthot. Elle les invite donc à devenir leurs propres porte-parole. « Le meilleur avocat de notre histoire, c'est nous-même. Les femmes doivent apprendre à se mettre en valeur auprès de leurs pairs et de leurs patrons. Et ne pas croire que de partager un succès soit un signe de vantardise. »

NE PAS TRAVESTIR SA PERSONNALITÉ

Faut-il tenter d'être one of the boys ou se démarquer en mettant en lumière les éléments « féminins » de son tempérament ? Andrée-Lise Méthot rejette ces deux options. « Il faut être soi-même. Ces catégories de comportements féminins ou masculins n'existent pas pour moi. J'ai vu des hommes et des femmes très sensibles, délicats et stratégiques, autant que des femmes et des hommes intimidateurs. On a dépassé ces vieux modèles. »

BIEN S'ENTOURER

Celles qui gèrent une entreprise ont tout intérêt à travailler aux côtés de gens qui partagent leurs valeurs. « Mon partenaire Claude pense que les femmes ont autant leur place en finance que moi. Quand on travaille avec des gens comme ça, nos équipes deviennent plus mixtes et balancées. »