Le gala annuel de l'Association des femmes en finance du Québec (AFFQ) se tiendra ce soir à L'Arsenal, dans le quartier Griffintown, à Montréal. On y attend plus de 800 personnes. L'événement sera probablement encore plus festif qu'à l'habitude puisque l'AFFQ célèbre cette année son 10e anniversaire.

«Je remarque, après 10 ans, que c'était une fichue de bonne idée de créer l'AFFQ», affirme Andrée Corriveau, présidente et fondatrice.

L'objectif principal de l'AFFQ a toujours été d'aider les femmes à se créer un réseau. Alors que l'organisation compte maintenant 400 membres, Andrée Corriveau peut se dire mission accomplie.

«Grâce à l'AFFQ, quelques centaines de femmes ont réussi à se créer un réseau de connaissances, d'amies et de collègues, précise-t-elle. Ce n'est pas toujours aussi naturel chez les femmes que chez les hommes, et pourtant, c'est important pour avancer plus aisément sur le plan professionnel. Le réseau a aussi permis à de nombreuses femmes d'affermir leur assurance, leur confiance en elle et leur motivation.»

L'AFFQ a bien sûr été amenée à se positionner sur des sujets d'actualité au fil des ans. Par exemple, sur la place des femmes dans les conseils d'administration. Le gouvernement du Québec a légiféré en 2006 pour que la parité hommes/femmes soit atteinte dans les conseils d'administration des sociétés d'État.

«Nous avions appuyé le projet de loi et il a donné des résultats fort intéressants. Le Québec est à l'avant-garde dans le domaine au Canada, mais aussi en Amérique», affirme Mme Corriveau.

Du travail à poursuivre

Par contre, alors que la présidente de l'AFFQ croyait que cette loi allait amener les sociétés inscrites en Bourse à prendre la même voie, elle doit constater que ce ne fut pas le cas.

Selon l'avis du Conseil du statut de la femme de septembre 2010, moins de 16% des sièges dans les conseils d'administration des 100 plus grandes entreprises commerciales du Québec étaient occupés par des femmes. Quelque 28% de ces entreprises étaient administrées exclusivement par des hommes.

Au début de l'année, Christine St-Pierre, ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, a annoncé la création de la Table des partenaires influents pour inciter les entreprises québécoises inscrites en Bourse à recruter davantage de femmes pour siéger à leur conseil d'administration. Monique Jérôme-Forget, ancienne ministre libérale, et Guy Saint-Pierre, ancien PDG de SNC-Lavalin, seront coprésidents de la Table.

Pour Andrée Corriveau, les gens sélectionnés pour constituer la Table ont été bien choisis puisqu'ils ont de l'influence sur leurs pairs.

«C'est un effort très louable, précise-t-elle. Maintenant, il faudra voir les résultats. Il n'y a jamais de miracles, et ce genre de changement prend du temps. Toutefois, si on continue à cette vitesse-là, on atteindra la parité dans 95 ans! Les sociétés cotées en Bourse disent qu'elles n'ont pas besoin de loi pour atteindre la parité, alors elles doivent bouger!» s'exclame Mme Corriveau.

Le futur de l'AFFQ

Pour entamer sa deuxième décennie, l'AFFQ a l'intention de se pencher sur la relève.

«Nous avons plusieurs membres avec des postes de haut niveau et de niveau intermédiaire, mais les jeunes sont moins nombreuses. Nous souhaitons donc maintenant séduire les jeunes et bien nous occuper d'elles», affirme Andrée Corriveau.

Les stratégies déployées seront discutées à l'AFFQ dès la fin de l'été.

«On pourrait décider par exemple d'organiser des midis-conférences dans les universités pour parler des métiers en finance et de l'importance de bâtir son réseau», indique Mme Corriveau.

L'AFFQ souhaite aussi créer un programme de mentorat.

«Nous en sommes à regarder comment mettre le projet sur pied, affirme Mme Corriveau. Ce serait intéressant puisque la relève pourrait bénéficier directement de l'expérience des membres plus expérimentées.»