Depuis des décennies, on dénonce le «plafond de verre» qui empêcherait bien des femmes d'accéder à des postes à la haute direction des entreprises.

Le gouvernement du Québec a légiféré pour forcer les sociétés d'État à atteindre la parité hommes-femmes dans leur conseil d'administration d'ici 2011.

Bref, tout porte à croire que les progrès se font à la vitesse grand V.

Pourtant, d'après une récente étude de l'organisation américaine à but non lucratif Catalyst, les choses ne progressent pas si rapidement qu'on pourrait le penser pour les femmes au Canada.

On y apprend qu'en 2009, les femmes occupaient 14% des sièges dans les conseils d'administration des 500 plus grandes entreprises canadiennes selon le Financial Post, une augmentation de seulement un point de pourcentage depuis 2007.

«C'est encore très peu. On laisse encore de côté presque la moitié du potentiel du pays», remarque Andrée Corriveau, présidente fondatrice de l'Association des femmes en finance du Québec (AFFQ).

D'autant plus que la même étude révèle qu'encore près de 45% des entreprises publiques n'avaient aucune femme dans leur conseil d'administration en 2009.

«C'est énorme comme chiffre. Est-ce par conservatisme? Par immobilisme? Parce que ça protège un certain confort? Je crois que c'est un mélange de tout ça», croit Andrée Corriveau.

Quelques statistiques sont tout de même plus encourageantes. Ainsi, la présence des femmes a augmenté de 4 points de pourcentage dans les conseils d'administration des sociétés privées depuis 2007, passant de 12% à 16%.

«C'est extrêmement bon, affirme Mme Corriveau. Je suis convaincue que c'est en partie attribuable à des initiatives comme celle qu'a prise le gouvernement du Québec. Pour moi, c'est le début du commencement! Le gouvernement a montré l'exemple et les entreprises commencent à se rendre compte qu'elles ont besoin de diversité dans leur conseil d'administration.»

Le mouvement européen

Avec sa loi sur la parité dans les conseils d'administration de société d'État, le gouvernement du Québec envoie un certain message aux entreprises.

En Europe, le mouvement est beaucoup plus fort. En janvier dernier, l'Assemblée nationale française adoptait une proposition de loi exigeant un minimum de 40% de femmes dans les conseils d'administration des entreprises publiques.

Après l'examen du Sénat et dès la promulgation de la loi, les entreprises auront six ans pour se conformer. La France prend donc exemple sur la Norvège qui, en 2003, a adopté le même genre de loi. L'Espagne a fait la même chose en 2007. Est-ce que le Canada devra en arriver là lui aussi?

«Non, je ne crois pas, indique la présidente de l'AFFQ. Je trouve que le gouvernement du Québec fait très bien de donner l'exemple avec sa loi pour les sociétés d'État, mais lorsqu'il est question de compagnies privées et publiques, c'est différent. Je ne crois pas qu'on doive forcer les choses.» Les femmes devront donc s'armer de patience?

«Ah oui! Les hommes gouvernent le monde depuis 2000 ans! C'est bien évident que pour arriver à de véritables changements, ça prend du temps», affirme Mme Corriveau, en rappelant que c'est seulement en 1940 que les femmes ont eu le droit de vote au Québec.

«On dit que les femmes prennent beaucoup de place maintenant, mais dans le fond, c'est juste qu'elles prennent plus de place qu'avant et on n'est pas encore habitué à ça.» Pour la présidente de l'AFFQ, la bataille est donc encore loin d'être gagnée.