Même dans des conditions de financement difficiles, des sociétés parviennent à obtenir du capital de risque pour leurs projets au Québec.

Pour y arriver, elles doivent cependant présenter certaines caractéristiques: des résultats d'exploration intéressants, des approches nouvelles, un avantage de proximité, des coûts d'exploration moins élevés ou des sources de données abondantes provenant des vieux camps miniers.

Pour les autres, le financement est un grand problème. Selon la récente étude de PricewaterhouseCoopers, la valeur boursière des 100 plus grosses entreprises minières de la Bourse de croissance TSX est passée de 37 milliards en 2011 à 21 milliards en 2012, et à 11 milliards au 30 juin 2013.

Du coup, une foule d'actions de petites sociétés d'exploration se négocient à 5 cents et moins, ce qui les expose à une importante dilution du capital en se finançant à ce type de prix.

Rare point positif de la situation actuelle: la baisse des coûts de forage. Dans la région de Chibougamau, ils sont passés de près de 200$ le mètre (incluant les dépenses d'analyses et autres) en 2011-2012 à quelque 135$ actuellement.

«Et je pense que ça va baisser encore. La situation est très difficile et c'est pire au Québec à cause de la politique minière. Les capitaux migrent vers la biotech et ailleurs», souligne David Grondin, président de Tomagold Corp.

Cette petite entreprise québécoise a découvert une minéralisation aurifère significative sur sa propriété Monster Lake près de Chibougamau. La société est parvenue à réunir près de 1 million de dollars en vendant des titres à 10 cents l'action, en sollicitant des fonds dans l'entourage des dirigeants.

Fonds de roulement

André Gaumond, président de Mines Virginia, est l'un des rares dirigeants d'entreprise d'exploration qui peut compter sur un fonds de roulement de près de 40 millions pour financer ses travaux. Les dépenses de la société seront de l'ordre de 15 millions (incluant les fonds fournis par ses partenaires) en 2013, puis de 12 à 15 millions en 2014.

Le projet de métaux usuels Coulon et le projet d'or Wabamisk, tous deux à la Baie-James, absorbent la part du lion du budget d'exploration de Virginia, à hauteur de 2,5 millions et 2 millions respectivement en 2013. Bien que la teneur en cuivre et zinc des quelque 13,7 millions de tonnes de ressources de la propriété Coulon soit relativement faible, M. Gaumond est convaincu qu'en persévérant dans l'exploration, Virginia parviendra à en rehausser non seulement la teneur, mais aussi le tonnage.

«Nous n'avons qu'effleuré le potentiel de la propriété. Notre objectif est d'atteindre au moins les 25 millions de tonnes. Ce tonnage en ferait un nouveau camp minier du calibre de celui de Rouyn-Noranda et de Matagami», fait valoir M. Gaumond.

Du côté québécois, près de la frontière avec l'Ontario, la société Balmoral Resources a l'espoir de découvrir un ou des gisements à forte teneur en or sur sa propriété s'étendant sur 90 km et située à environ 40 km au nord de l'ancienne mine Selbaie.

La société vient d'amasser 6 millions de dollars par financement en actions accréditives, portant son fonds de roulement à près de 12 millions. Selon Darin Wagner, président et chef de la direction de Balmoral, le budget d'exploration sera de l'ordre de 5 à 6 millions en 2014, après les quelque 8 millions investis en 2013.

«Les sommes investies dépendront du marché. Nous investirons principalement sur le secteur Martinière. Les teneurs se situent entre 8 et 10 g/t en or. Ça peut nous mener vers une exploitation souterraine avec peut-être de petites fosses à ciel ouvert», explique M. Wagner.

Anciens camps miniers

Dans l'ancien camp minier de Val-d'Or, Integra Gold Corp a mis au jour six nouvelles zones aurifères à l'est et au sud de l'ancienne mine Lamaque, dont deux remontent jusqu'à la surface.

Selon Hervé Thiboutot, premier vice-président responsable de l'exploration et du développement corporatif, la société a déjà délimité quelque 930 000 onces d'or en ressources provenant d'une minéralisation de 8,1 grammes par tonne (g/t), une teneur nettement plus élevée que la moyenne de 5 à 7 g/t des gisements de la région.

«La teneur ressemble plus à celle de la mine Lamaque, estime M. Thiboutot. S'il y a exploitation, nous accéderons aux gisements par deux rampes différentes jusqu'à environ 650 mètres de profondeur.»

Le budget d'exploration d'Integra était de l'ordre de 5 millions de dollars en 2013. Celui de 2014 pourrait le dépasser de façon notable. La société est parvenue à réunir 5 millions en août par financement.

Concessions d'exploration

À Rouyn-Noranda, Falco Pacific Group jette, elle aussi, un oeil nouveau sur 728 km2 de concessions d'exploration (claims), incluant 14 anciennes mines, dont la Horne qui a donné naissance à la ville. Falco est en cours de financement pour un montant de 5 millions, lequel s'ajouterait aux quelque 2,7 millions amassés plus tôt dans l'année.

Corporation minière Osisko possède 15% des actions de Falco. Comme Osisko, l'idée maîtresse de Falco est d'analyser la masse énorme de données techniques disponibles, de les interpréter avec une vision et des outils modernes, de les explorer et de trouver un ou des gisements rentables à exploiter.

Dans la partie est de la ville, les Ressources Yorbeau ont réussi à attirer l'attention de la sud-africaine Gold Fields sur le potentiel de leur propriété à Rouyn, laquelle s'étend sur 12 km de la faille prolifique Cadillac-Larder Lake. Il s'agit du premier investissement de cette multinationale au Québec.

Goldfields s'engage d'abord à investir 4 millions de dollars d'ici le 31 décembre 2014 en travaux d'exploration, et de payer à Yorbeau 1 million comptant en trois versements.

Si elle veut poursuivre pour avoir une participation de 51% dans la propriété, Gold Fields devra porter ses dépenses totales à 19 millions sur une période de 4,5 ans. Sa participation peut être augmentée à 70% en retour de diverses contreparties.