Les crochets de gauche, législatifs et fiscaux, décochés par le gouvernement du Québec et par la ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, ont amené l'industrie de l'exploration minière proche du knock-out, estiment d'importants intervenants du secteur.

Et comme si ce n'était pas assez, la mauvaise conjoncture mondiale n'aide en rien la situation.

Selon les informations répertoriées par l'Institut de la statistique du Québec, les dépenses d'exploration chuteront à 448 millions en 2013. Il s'agit d'un recul de 28% par rapport à 2012, année qui était déjà en baisse de 25,4% par rapport au sommet historique 835 millions atteint en 2011.

Dommages réels

Tous conviennent que les dommages sont réels. Rarement a-t-on entendu André Gaumond, président de Mines Virginia, un des promoteurs miniers et financiers les plus en vue de l'industrie, se dire aussi mécontent de la politique minière du Québec. M. Gaumond, comme d'autres promoteurs de sa trempe, a promu avec passion et enthousiasme le potentiel minéral de la province. Selon lui, le Québec a perdu beaucoup de plumes en ce qui concerne sa réputation mondiale depuis l'arrivée au pouvoir du Parti québécois, en septembre 2012.

«Leurs politiques et leur attitude envers le secteur minier se sont traduites, pour moi, par une grosse perte de temps et d'énergie pour convaincre les investisseurs internationaux de ne pas mettre une croix sur l'investissement dans la province», constate-t-il.

Même son de cloche de la part du vétéran de l'exploration Jack Stock, 66 ans, président d'Entreprises minières Globex. Ce grand spécialiste de l'industrie, dont l'entreprise possède près de 120 propriétés d'exploration au Québec, est très critique par rapport aux politiques minières actuelles.

Il remarque que l'atmosphère est très négative et il craint une fuite des capitaux d'exploration si la situation perdure.

«Le ministère [des Ressources naturelles] ne connaît pas et ne comprend pas notre industrie, dit-il. Ça devient de plus en plus difficile de faire notre travail. Et la lourdeur de la réglementation financière est devenue insupportable.»

Climat d'incertitude

Tous reprochent à Mme Ouellet d'avoir accentué le climat d'incertitude causé par la mauvaise conjoncture mondiale et d'avoir répandu l'image d'une industrie minière qui ne paie pas sa juste part, hostile à la protection de l'environnement.

La liste des reproches de l'industrie est longue envers le ministère québécois des Ressources naturelles:

- hausse des redevances basée sur la valeur brute des ventes de métaux plutôt que sur les profits;

- dépôt du projet de loi 43, troisième tentative de refonte de la loi minière en moins de cinq ans, mort au feuilleton;

- retrait du prêt déjà accordé à Mine Jeffrey pour l'exploitation de sa mine d'amiante, ce qui a entraîné sa fermeture;

- imposition d'un moratoire sur l'exploration de l'uranium et l'exploration gazière;

- refus de délivrer un permis pour l'exploration du gisement d'uranium Matoush de Ressources Strateco, près de Chibougamau. La société, qui y a investi près de 125 millions, poursuit le gouvernement à ce sujet.

L'Association de l'exploration minière du Québec (AEMQ), qui compte quelque 2000 membres, ne demande pas la démission de la ministre Ouellet en dépit de la grogne de ses membres. Dans son récent mémoire en commission parlementaire, l'association a commenté 52 dispositions distinctes du projet de loi 43 et formulé 95 recommandations de changement.

«Nous voulons travailler avec le gouvernement pour améliorer l'ensemble du cadre législatif qui nous gouverne et le rendre plus adapté à nos réalités», explique Valérie Fillion.

La ministre Martine Ouellet n'a pas accepté nos demandes d'entrevue.