Après avoir piétiné en 2008 et 2009, l'investissement minier au Québec s'est haussé à des niveaux records ces deux dernières années.

En 2008 et en 2009, l'investissement total, exploration et aménagement, plafonnait à 2 milliards de dollars.

L'an dernier, il s'est élevé à 2,5 milliards et cette année on prévoit une mise totale de 2,9 milliards.

Ces chiffres sont ceux de l'Institut de la statistique du Québec, tels que cités par le ministère des Finances du Québec dans une présentation intitulée «Tirer profit de l'essor du secteur minier».

On peut mesurer la reprise de l'investissement, comme l'a fait l'Association minière canadienne (AMC), en mesurant la contribution de l'activité minière au produit intérieur brut (PIB) canadien.

Dans un document intitulé Facts and Figures 2011 et qui sera dévoilé demain, l'AMC calcule que l'apport du minier au PIB a atteint 9,2 milliards en 2008, pour fléchir à 7,2 milliards l'année suivante et se relever à 8,3 milliards en 2010.

Boom minier

En ceci nous ne sommes guère uniques. C'est toute la planète minière qui connaît un boom, étonnant certes, dans le contexte économique incertain qui prévaut.

La demande de métaux de la part des pays émergents, Chine, Inde, Brésil et autres est telle que les prix restent à la hausse.

Le prix du minerai de fer servira d'indice: entre 2009 et 2010, il a grimpé de 111%, selon Mine 2011, une étude de PricewaterhouseCooper.

Les investissements ont suivi. Toujours selon Mine 2011, les 40 principaux acteurs du secteur minier mondial avaient annoncé pour 300 milliards de programmes d'injection de capitaux, dont 120 milliards pour la seule année 2011.

Et les dollars trouvent aisément la route transcanadienne. Pour 2010/2011, le Canada se classe en tête du palmarès pour le budget total d'exploration minière.

En fait, on pourrait parler de gloutonnerie du castor canadien. Il avale 19% du budget mondial de l'exploration minière, selon le Metal Economics Group.

L'Australie vient loin derrière au deuxième rang avec 12% du total. Les États-Unis arrivent troisième avec 10%.

La tendance se maintient

Depuis 2000, l'investissement minier au Canada est en augmentation générale, malgré des fluctuations ponctuelles. Et la part du Québec dans l'investissement minier canadien se maintient, avec, elle aussi, ses fluctuations.

Le Québec obtenait, en 2001, 120 des 600 millions investis par les sociétés minières canadiennes dans l'exploration, d'après le ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF). C'était 20% du total canadien.

En 2010, nous avons raflé 474 millions sur les 2,6 milliards investis dans l'exploration canadienne, soit 18,4%.

Si, à l'exploration, on ajoute l'investissement dans la mise en valeur et l'aménagement du parc minier, on voit que la tendance à la hausse se maintient et d'une manière spectaculaire.

L'investissement total au Québec était de 1,404 milliard en 2001, toujours selon le MRNF. Il a atteint 2,454 milliards en 2010.

Comparaisons audacieuses

La société minière Osisko s'est amusée à des comparaisons audacieuses. Dans un document intitulé L'Industrie minière québécoise, rendu public en août dernier, elle mesure l'investissement en recherche et développement de deux secteurs apparemment aux antipodes, le minier et le pharmaceutique.

La pharma carbure à la R&D, c'est bien connu. Entre 2001 et 2010, elle a investi 12,2 milliards au Canada. Et les minières? Surprise! Pendant la même période, elles misaient 16,8 milliards en R&D sur le caillou.

Pour la seule évaluation des gisements, les dépenses de R&D des minières au Québec se sont accrues de 16% ces sept dernières années, selon Ressources naturelles Canada. Elles sont passées de 294 millions de dollars en 2005 à 560 millions en 2011.

Sans ces investissements, certaines régions du Québec entreraient en léthargie. En Abitibi, sur la Côte-Nord et dans le Nord du Québec, en 2010 la part de l'investissement minier dans l'investissement total privé (excluant le résidentiel) atteint 75%, selon l'Institut de la statistique du Québec. Pour l'ensemble du Québec, c'est 10,2%.

Québec, Ontario etc.

Pour finir, comparons-nous, même si nous n'avons pas besoin de nous consoler.

Notre voisin ontarien voyait ses sociétés minières faire des investissements de capitaux («capital expenditure», capex pour les intimes) de 2,1 milliards en 2010. Eh bien, chiche, le Québec en a vu exactement autant, selon Ressources naturelles Canada.

À dépenses de capital égales, résultats très semblables. La valeur de la production de minéraux a été à peu près la même en 2010 pour les deux provinces voisines: 6,8 milliards de dollars au Québec, 7,7 milliards en Ontario.