Implantée dans le parc industriel de Bromptonville, en Estrie, l'usine Rackam réalise des projets inédits, dont la conception de panneaux solaires paraboliques Icarus Heat qui sont installés sur le toit d'entreprises situées au Québec et en Europe.

Ces immenses silos, fabriqués en aluminium, forment un miroir qui réfléchit la lumière vers une cible de captation. Le système produit de la chaleur qui est utilisée, par exemple, pour le chauffage de l'huile de friture d'un fabricant de croustilles, Papes Safor, situé à Valence, en Espagne.

En investissant dans la technologie solaire, les entreprises réduisent d'environ 20% le coût de leur factuelle annuelle d'énergie tout en diminuant leur émission de gaz à effet de serre. C'est le cas de la Laiterie Chagnon, de Waterloo, qui a fait l'acquisition d'une première centrale solaire thermique au Québec.

En 2009, Mathieu Chagnon, 32 ans, un ingénieur mécanique de formation a lancé son entreprise avec une équipe de jeunes passionnés dont des chercheurs, ingénieurs, techniciens.

«Nous avons eu l'idée d'avoir recours à la technologie solaire en 2008 alors que nous étions en plein pic pétrolier. Tout le monde parlait d'environnement, mais aucune usine ne posait de geste concret. On s'est dit: on va relever le défi», raconte M. Chagnon qui est également le petit-fils de Jacques, fondateur de la Laiterie Chagnon.

Exportation en Europe

L'année dernière, Rackam a réussi une percée en Europe grâce à un article paru dans une revue spécialisée en énergie propre. Les dirigeants de l'usine de croustilles Papes Safor ont été séduits par leur approche innovatrice.

Cette vitrine sur le continent européen constitue un premier pas important. En Europe, les entreprises paient une facture élevée pour leurs coûts de chauffage au mazout ou au pétrole. «Des projets sont en discussion présentement avec une usine agroalimentaire en Espagne ainsi qu'avec une manufacture située au Portugal.»

Les défis

Mathieu Chagnon et son équipe de 16 employés sont conscients de l'ampleur des défis. En Europe, ils font face à l'Allemagne qui développe depuis 20 ans des projets liés à la technologie solaire.

Au Québec, le premier obstacle est certes le prix du gaz naturel qui est à son plus bas en ce moment. «Cela nous force à nous retrousser les manches et à tenter de réduire le coût de nos équipements.»

Le président de Rackam entrevoit un bel avenir si toutes les conditions sont réunies. «Il suffirait d'un changement de mentalité pour pouvoir déployer la technologie solaire dans plusieurs secteurs au Québec, mais pour cela, on a besoin de leaders en entreprise prêts à changer le paradigme énergétique industriel», dit-il d'un ton convaincu.

«L'investissement dans les énergies propres est rentable pour une société. Cela demande juste une vision et un effort soutenu.»

En 2012, Rackam a raflé le prix du Jury et celui de l'Innovation technologique remis par l'Association québécoise pour la maîtrise de l'énergie (AQME).

«Démarrer une entreprise dans le domaine de la technologie de l'environnement ce n'est pas un sprint, c'est une course de longue distance. Pour réussir, il faut s'entourer de bons partenaires dans le domaine financier, industriel et dans la recherche», ajoute-t-il.

Récemment, la compagnie a déposé un brevet conjoint avec l'Université de Sherbrooke pour un projet de technologie solaire. Un gage pour l'avenir, assure Mathieu Chagnon.