Chaque année au Québec, environ 160 millions d'arbres sont plantés.

Une PME québécoise, PlasBio, a mis au point des pots non seulement biodégradables, mais qui contiennent en plus des engrais utiles à la croissance des petits plants, ce qui pourrait être très utile pour le reboisement.

C'est le docteur Gaétan Nadeau, médecin d'urgence dans la région de Québec, mais aussi entrepreneur dans l'âme, qui a lancé en 2004 l'entreprise située à Saint-Henri-de-Lévis.

Il s'est associé avec Michel Mezza, ingénieur français en plasturgie et inventeur de mélanges de polymères biodégradables destinés à se substituer au plastique pour divers usages courants.

«Nous ne fabriquons pas nous-mêmes les produits, mais nous mettons au point les formules. Nos mélanges brevetés sont utilisés par des injecteurs de plastique, dit le Dr Nadeau. Notre produit le plus récent, le pot à plants, sera commercialisé cette année.»

Une entente a été conclue avec Plastiques Moore, entreprise d'injection de plastique située dans Bellechasse, pour la production et la commercialisation de cette ligne de pots, lancée d'abord cet été au Québec et en Ontario.

Elle sera destinée au marché du reboisement et au marché horticole. Mais tout indique que le produit a un potentiel international.

«Grâce au pot de plant, qui libère progressivement de l'engrais, on a réalisé que la croissance et la survie des arbres étaient meilleures, ajoute le président. Le ministère des Ressources naturelles s'est intéressé à notre produit, et une équipe de la Direction de la recherche forestière est en train de réaliser une étude dont les résultats seront divulgués bientôt, et qui sont extrêmement prometteurs.»

En effet, il semble que les nouveaux pots à plants seraient particulièrement efficaces en zones semi-arides et désertifiées. Cela permet de croire qu'ils pourraient être utilisés dans des programmes de reboisement pour lutter contre la désertification.

D'autres applications possibles

Les polymères biodégradables prennent de deux à six mois à se dégrader dans l'environnement, explique le Dr Nadeau.

Faits de dérivés laitiers, fruitiers et d'autres éléments, ils peuvent être dégradés sous l'effet des bactéries. Ils ne sont ni basés sur le pétrole, ni sur le maïs. Il ne faut pas non plus les confondre avec les produits dits «oxo-dégradables», mis sur le marché depuis quelques années, et qui, au lieu de se décomposer complètement, ne font que se fragmenter en fine poussière de plastique. Ces derniers sont d'ailleurs interdits dans plusieurs pays.

«Nous pouvons moduler la formule selon les besoins et les adapter aux produits finis souhaités, dit Gaétan Nadeau. Si on veut, par exemple, fabriquer un paillis agricole allant sous les arbres, on peut s'arranger pour qu'un produit installé en mai commence à se défaire en septembre.»

Quand on sait que les plastiques prennent des milliers d'années à se dégrader dans l'environnement, créant même des continents de déchets qui flottent sur l'océan, le potentiel pour les substituts est énorme. Et contrairement aux produits à base d'amidon, dont sont faits par exemple certains sacs, les polymères biodégradables sont plus résistants et plus faciles à injecter pour former différents objets sophistiqués, comme des bouteilles.

«On pourrait, par exemple, en faire de la vaisselle pour les lignes aériennes, ajoute-t-il. Comme elle est à usage unique, actuellement, tout est incinéré. Ils pourraient un jour servir pour fabriquer des stylos, des contenants pour la restauration rapide, des barquettes d'épicerie ou des contenants pour les produits cosmétiques.»

Le seul obstacle: le prix. Les produits biodégradables coûtent au moins quatre fois plus cher que les plastiques, et certains peuvent même coûter jusqu'à douze fois plus cher.

«Les polymères sont des molécules plus sophistiquées qui coûtent plus cher à élaborer, dit Gaétan Nadeau. C'est la même chose que si on achète un pain bio. Il coûte plus cher à produire qu'un pain ordinaire.»

Malgré cette contrainte de prix, l'avenir s'annonce très prometteur, croit le docteur. «On répond à un besoin important, dit-il. Si on regarde ce qui existe déjà sur le marché dans le biodégradable, on se rend compte que l'offre est très faible. Mais l'intérêt du consommateur est là.»