Et si, au lieu d'attendre que les grands constructeurs automobiles lancent leurs modèles électriques sur le marché, on convertissait des véhicules usagés à l'électricité?

C'est l'idée derrière Voitures électriques du Québec, une PME qui devrait mettre ses premières voitures sur le marché cette année, si tout se passe comme prévu.

Le principe est simple: enlever le moteur et les composantes de la voiture qui servent à la propulsion à essence et les remplacer par un moteur électrique, une batterie et des composantes électriques supplémentaires.

«On recycle une voiture usagée, explique Loic Daigneault, jeune diplômé en génie mécanique de Polytechnique et président fondateur de Voitures électriques du Québec. Pour l'instant, nous travaillons seulement avec des Mazda 3 des années 2004 à 2006. Mais éventuellement nous allons ajouter d'autres modèles.»

Le véhicule aura une autonomie de 100 km et pourra être rechargé en le branchant tout simplement sur une prise ordinaire.

«On vise le marché des familles qui possèdent une deuxième voiture, dit M. Daigneault. La plupart des gens en couple, surtout chez ceux qui habitent la banlieue, ont deux voitures, dont l'une sert seulement pour l'aller-retour au travail matin et soir. Ils peuvent prendre l'autre voiture pour les plus longues distances.»

Aucun CO2

Du point de vue environnemental, les avantages sont multiples.

D'une part, une voiture entièrement électrique n'émet aucun CO2, alors qu'une voiture à essence représente environ 50% des émissions du Canadien moyen, soit 4 tonnes par an pour une voiture moyenne.

Au Québec, le domaine du transport représente 38% des émissions de GES.

Mais ce n'est pas tout: il faut également considérer le fait que convertir un véhicule usagé évite de puiser des ressources pour en fabriquer un neuf.

«Quand Barack Obama annonce que les États-Unis vont fabriquer des véhicules électriques, cela implique qu'il faut utiliser des métaux, extraire des ressources, ce qui génère beaucoup d'émanations de GES et d'activités toxiques, dit M. Daigneault. Le fait de recycler un véhicule doit être pris en compte dans le bilan environnemental, et pour les GES, on calcule que cela équivaut à sauver environ une tonne supplémentaire par année.»

Économies

Côté économies, celles-ci seront substantielles pour le consommateur, selon lui.

«Il en coûte environ 1,20$ en électricité pour recharger la voiture, dit-il. Cela revient à environ 1,2¢ du km, ce qui représente entre huit et 10 fois moins cher par km parcouru que l'essence.»

Les véhicules devraient coûter entre 22 000 et 27 000 dollars, un prix qui variera en fonction de l'état initial de la voiture avant sa conversion, ainsi que des options.

Pour l'instant, la PME a déjà une liste d'attente de 750 clients intéressés.

«Au Québec, le marché devrait se situer à environ 15 000 véhicules annuellement, ce qui est suffisant pour faire vivre plusieurs entreprises, dit Loic Daigneault. Et il est certain que l'Ontario est aussi un marché intéressant.»

L'idée de la conversion n'est pas nouvelle, explique-t-il. «Cela fait trente ans que ça existe, dit-il. Aux États-Unis, de nombreuses entreprises font de la conversion de véhicules à essence en véhicules électriques. Ce qui est difficile, c'est d'obtenir les autorisations requises. La partie se joue là.»

En effet, l'entreprise est en attente des autorisations de la SAAQ.

«Habituellement c'est Transport Canada qui homologue les véhicules, dit l'entrepreneur. Mais là, comme il s'agit d'un véhicule usagé, c'est la SAAQ qui s'occupe de l'homologation, et ce n'est pas dans ses fonctions habituelles. Ce n'est pas un processus d'homologation standard. Mais plusieurs étapes ont déjà été franchies et il ne manque plus que certains détails pour que ce soit complété. On espère que ce sera pour cet été.»