Les surplus d'hydroélectricité ainsi que les bas prix des énergies fossiles représentent des défis pour le développement des énergies renouvelables au Québec. Néanmoins, certaines avenues semblent prometteuses, notamment pour les biogaz et les biocarburants.

« Le gouvernement québécois va interdire l'enfouissement des matières organiques d'ici à 2020, rappelle Pierre-Olivier Pineau, professeur titulaire à la Chaire de gestion du secteur de l'énergie à HEC Montréal. Les municipalités mettent donc en place des collectes pour les détourner des sites d'enfouissement. Une grande partie de ces matières organiques peut être transformée en biométhane, un gaz naturel renouvelable. Le développement est déjà en marche. Gaz Métro veut avoir davantage de gaz naturel renouvelable dans son réseau. »

M. Pineau croit que des subventions gouvernementales seraient légitimes pour donner un coup de pouce.

« Le gaz naturel offre des avantages que l'électricité n'offre pas », souligne-t-il. Il cite en exemple les camions au gaz naturel. Ils sont moins chers que les véhicules électriques et n'ont pas les mêmes contraintes de recharge de batterie et d'autonomie. De plus, le prix du diesel milite d'ailleurs en faveur de l'utilisation du gaz naturel dans le transport. Dans le domaine industriel, le gaz naturel a aussi l'avantage de faire chauffer plus rapidement que l'électricité.

Autre aide possible : l'Association québécoise de la production d'énergie renouvelable (AQPER) suggère au gouvernement de fixer une teneur minimale de gaz naturel renouvelable dans les gazoducs.

Elle milite également en faveur de la mise en place d'un taux minimal d'éthanol dans l'essence, comme c'est le cas aux États-Unis où le taux est fixé à 10%. « Le faire ne demande aucun décaissement gouvernemental », souligne Jean-François Samray, président-directeur général de l'AQPER.

Il faudrait toutefois s'assurer qu'il est produit localement et non importé. « Sinon, on fait augmenter la teneur en carbone totale », précise-t-il.

Actuellement, trois usines font du biodiesel au Québec et elles pourraient produire davantage, souligne M. Samray. Un projet de bioraffinerie revalorisant les résidus forestiers est également sur la planche à dessin à La Tuque, entre autres.

ÉNERGIE ÉOLIENNE

Par ailleurs, les grandes ambitions de nos voisins du Sud en termes d'énergies renouvelables, principalement l'État de New York et la Nouvelle-Angleterre, pourraient offrir des occasions favorables à l'énergie éolienne. 

« Cela va leur coûter très cher s'ils veulent les réaliser sur leur territoire, analyse M. Pineau. Ils pourraient satisfaire leur appétit à moindre coût si on exportait chez eux. C'est rentable chez nous parce que nous avons déjà les réservoirs d'électricité et un potentiel éolien important. » L'avantage majeur d'Hydro-Québec, c'est de pouvoir garantir les livraisons d'énergie éolienne en comptant sur l'hydroélectricité lorsque nécessaire, précise-t-il.

M. Pineau identifie cependant deux obstacles importants sur le chemin de l'énergie éolienne québécoise : le protectionnisme dont font preuve les États et provinces et les capacités de transmission.

« J'ai bon espoir qu'il pourra y avoir des ententes dans les 15 prochaines années parce que les avantages économiques vont être là. » - Pierre-Olivier Pineau, professeur titulaire à la Chaire de gestion du secteur de l'énergie à HEC Montréal 

ÉNERGIE SOLAIRE

Le principal obstacle de l'énergie solaire au Québec est vraiment le prix très bas de l'électricité qu'elle ne peut concurrencer, selon M. Pineau. D'ailleurs, ce type d'énergie connaît une croissance très importante dans des endroits où le coût est plus élevé, comme la Californie, par exemple, illustre M. Samray.

Par contre, dans certains endroits plus isolés, cette avenue peut être intéressante, même au Québec. « Avec la baisse considérable du prix des panneaux solaires, ça commence à avoir du sens pour les pourvoiries, les réseaux isolés et certaines résidences secondaires », signale M. Samray. Cette technologie pourrait aussi être intéressante, selon lui, pour alimenter des usines de transformation de poisson aux Îles-de-la-Madeleine, puisqu'elles fonctionnent pendant les mois les plus ensoleillés.