Au cours des 20 dernières années, Mecan-Hydro a survécu à deux moratoires sur le développement des minicentrales hydroélectriques au Québec. Et tout récemment, l'entreprise de Granby a appris que le gouvernement mettait carrément un terme à l'ensemble des projets dans cette filière. Ce nouvel écueil ne fait que confirmer l'intention de Philippe Dufresne, président de la PME: pour mieux rayonner, Mecan-Hydro devra ouvrir une usine aux États-Unis.

«Il va y avoir un boom de minicentrales aux États-Unis; on le voit par les demandes de permis. Depuis que le président Obama est au pouvoir, la production d'énergie verte est une préoccupation», explique M. Dufresne, 44 ans.

Manufacturier de vannes, de treuils et autres robots dégrilleurs destinés aux centrales hydroélectriques de petites et de moyennes tailles, Mecan-Hydro est connu partout en Amérique du Nord. Ses produits à forte valeur ajoutée ont fait leur preuve depuis longtemps.

Décrocher de nouveaux contrats aux États-Unis ne devrait donc pas, en temps normal, être trop difficile pour l'entreprise de 25 employés qui continuera néanmoins à exploiter son usine de Granby.

Mais voilà, le Buy American Act fait en sorte que les nouveaux projets de minicentrales construites en sol américain doivent compter un pourcentage important de composantes et d'équipements «made in USA». Bref, pour s'assurer une certaine part du gâteau, la PME québécoise devra produire au sud de la frontière, donc y ouvrir des installations.

«Nous avons commencé à faire du repérage. On verra où ça nous mènera», se limite à dire Philippe Dufresne, principal actionnaire.

Mecan-Hydro a vu le jour à Blainville en 1994. À l'époque, Philippe Dufresne, fraîchement diplômé en génie, n'avait que 24 ans. Le jeune entrepreneur avait fait le constat qu'il n'existait pratiquement aucun manufacturier québécois spécialisé dans les petites centrales hydroélectriques (ou « Small Hydro »).

Les deux premiers moratoires au Québec lui ont certes fait très mal, mais ils ont poussé la PME à explorer les marchés hors Québec. Aujourd'hui, Mecan-Hydro réalise 70 % de son chiffre d'affaires dans le reste du Canada (principalement en Colombie-Britannique) et 20 % aux États-Unis. Les contrats qu'elle décroche vont de 50 000 $ à 6 millions.