L'éthanol s'éloigne du maïs et cherche à se frayer un chemin dans le marché des carburants d'avenir en misant sur des procédés de fabrication innovants. Le jour est proche où les automobilistes feront le plein à la station-service avec un mélange d'essence et de carburant liquide fait à partir de déchets non recyclables.

«Une chose est certaine, explique Louis Hébert, professeur à HEC Montréal, il n'est plus acceptable de produire ce carburant à partir de grains. C'est une totale aberration et ça ne passe plus dans la population».

Le professeur croit même que les grands fabricants d'éthanol n'ont plus guère le choix de prendre ce virage. «Parce que j'ai de la difficulté à croire qu'on va continuer de produire de l'éthanol au détriment de la production agricole», ajoute-t-il.

François Dupont, directeur général du secteur énergie chez Sonic, s'attend lui aussi à des changements. «On nous parle d'un éthanol de deuxième génération qui fera appel à des technologies encore plus vertes, et dont le bilan environnemental sera plus positif», observe-t-il.

Potentiel considérable

Il voit des avancées importantes au Québec avec le projet à Varennes d'une usine d'éthanol à partir de déchets non recyclables mené conjointement par Enerkem et Ethanol GreenField. Il sait aussi que les États-Unis veulent développer des méga-usines d'éthanol. «C'est clair qu'il y a des opportunités et que le potentiel à l'échelle internationale est considérable. Il faut que la volonté politique y soit», résume François Dupont.

Il rappelle que Sonic a commencé à vendre de l'essence avec éthanol au début des années 90 dans ses stations-service. Dix ans plus tard, la bannière qui appartient à La Coop fédérée proposait du biodiesel fait à partir d'un mélange d'huile de source végétale.

«Nous avons compris très tôt qu'il y avait une demande pour les carburants plus propres et c'est pourquoi 90% de notre réseau de stations-service offrent un mélange d'essence-éthanol à la pompe», souligne-t-il.

Mais trouve-t-on suffisamment d'éthanol dans nos réservoirs à essence? Au Canada, les pétrolières doivent mettre un minimum de 5% de ce carburant dans chaque litre d'essence. Aux États-Unis, le seuil est de 10% tandis qu'au Brésil, il est de 20%.