SEMAFO, une minière dont le siège social est à Montréal, exploite trois mines d'or en Afrique occidentale. Elle a conséquemment une étrange distribution de ses ressources humaines.

«Premièrement, énumère Benoit La Salle, président et chef de la direction de l'entreprise, notre personnel administratif était en danger de rester dans l'ignorance totale des réalités d'une minière. Il faut comprendre que nous ne sommes pas une minière québécoise typique, avec les bureaux à un bout du corridor et l'usine à l'autre bout. Nos centres d'exploitation sont au Burkina Fasso, au Niger et en Guinée!» Mince de corridor!

Il y a donc eu des signes de déperdition d'intérêt pour les réalités vécues sur les sites miniers de la part du personnel montréalais. Une sorte de décrochage faute de contact direct. Ce manque d'information fut clairement révélé par le sondage.

Autre problème révélé par le sondage Employeurs de choix d'Aon Hewitt de 2010, un manque flagrant d'encadrement des nouveaux arrivants. «Pour ne rien vous cacher, nous allions chercher du personnel minier très qualifié, disons à Val-d'Or. Là, on les embauchait et on les mettait dans un avion en partance pour la Guinée avec transfert à Charles-de-Gaulle à Paris. Et puis, débrouille-toi!, raconte M. La Salle. Déjà, quand on n'a vu dans sa vie que l'aéroport de Val-d'Or, Charles-de-Gaulle, ça fait peur. Mais imaginez le choc culturel à l'arrivée à Ouagadougou! Il y a alors un sentiment très démotivant d'abandon à soi-même. C'est une autre chose montrée clairement par le sondage Aon Hewitt.»

Mais M. La Salle souligne aussi une belle surprise: le sondage révèle que la stratégie de l'entreprise est parfaitement claire aux yeux des employés.

Valeurs sociales

SEMAFO insiste aussi énormément sur des valeurs sociales à l'envers des haïssables clichés racistes et paternalistes qui furent naguère la norme pour les entreprises occidentales en Afrique. «On insiste sur le respect des communautés, des valeurs et des droits des individus, on veut identifier et gérer les risques associés aux droits humains, on doit être responsable envers l'environnement, exige Benoit La Salle.»

De la déclaration de principes aux comportements qui devraient en découler, il y a toute la distance entre l'intention et le comportement. La minière a compris que les effets ne suivaient pas toujours les intentions. «Ce n'est pas la bonne volonté qui faisait défaut, mais les outils, les informations, l'encadrement.»

Des formations adaptées

À la suite au sondage de 2010, SEMAFO s'est dotée d'outils de formation et d'encadrement. «D'abord, avant de partir pour l'Afrique, nos Québécois se voient remettre un document écrit et une vidéo qui les préparent aux réalités locales et au respect qui fait partie de nos valeurs. On a beaucoup travaillé sur ces ressources et les personnes qui vont appuyer les transplantés.

«Pour notre personnel administratif et de soutien on a crééLes Midis du Savoir, un lunch qui permet de rapprocher le bureau de la mine et de l'usine, sinon physiquement, du moins sur le plan des connaissances. On y aura, par exemple un géologue qui explique les réalités minières au personnel du bureau. De quoi rendre plus réelle cette mine si éloignée.»

Le sondage Employeurs de choix avait aussi révélé en 2010 des besoins non comblés en formation. «Notre personnel informatique avait un grand appétit de hausser ses connaissances. Nos juristes avaient faim de formation en droit international. Du côté de l'usine, on avait constaté une fringale pour la formation en informatique de production. Nous avons, je le crois, comblé ces besoins.»

On en veut pour preuve le score de 2011 où les carences de l'année précédente apparaissaient en voie de disparition.