Est-ce notre côté latin? Toujours est-il que c'est au Québec que l'on trouve les patrons les plus enthousiastes au Canada, les plus mobilisés. Comment le sait-on? Parce que depuis 13 ans, chaque année, la division ressources humaines de la firme Aon Hewitt mesure la mobilisation du personnel des entreprises. Pour la première fois cette année on a extrait les résultats obtenus au Québec pour les comparer au reste du Canada.

Au Québec, la très haute direction est mobilisée à 95% contre 93% dans le reste du Canada. Les cadres supérieurs québécois atteignent le niveau des 83% contre une moyenne nationale de 80%. Quant aux cadres intermédiaires, les Québécois répondent «présents» à 75% contre 70% ailleurs au pays. Bref, nos leaders d'entreprises sont enthousiastes au sujet du plan stratégique dans le cadre duquel ils agissent.

«Ce résultat est très important, souligne Andrée Mercier, vice-présidente principale chez Aon Hewitt. Il existe une corrélation très puissante (83%) entre le niveau de mobilisation et la qualité du leadership. Un cadre engagé est un bon leader pour son équipe».

«Ça compte beaucoup dans la capacité de rétention des employés les plus compétents. N'oubliez pas qu'on ne quitte généralement pas son emploi. On quitte son patron quand on n'aime pas son style de leadership.»

21 leviers de la mobilisation

Aon Hewitt mesure la mobilisation selon trois groupes de comportements. «Nous examinons d'abord ce que le cadre et l'employé disent de l'entreprise et de leurs patrons, énumère Marie Pinsonneault, vice-présidente principale de Aon Hewitt. Ensuite, nous interrogeons la volonté de demeurer au sein de l'organisation. Finalement, nous mesurons la volonté de se dépasser au travail.» Puisque la mobilisation dépend d'une foule de facteurs, Aon Hewitt évalue 21 leviers la motivant.

Le sondage est disponible gratuitement aux entreprises qui veulent s'inscrire à l'étude sur Les Employeurs de Choix au Canada.

Cadres et employés répondent dans la plus stricte confidentialité et le tout est gratuit. Les entreprises qui le demandent peuvent obtenir une segmentation des résultats par groupe d'âge, par répartition géographique ou par division.

On a établi pour la première fois le palmarès des entreprises présentes au Québec. Il s'agit d'entreprises canadiennes ayant 30% de leurs employés au moins au Québec, ou qui y ont leur siège social, ou qui ont une présente significative au Québec parce qu'elles ont beaucoup d'employés chez nous.

Pour le palmarès canadien, Aon Hewitt retient exclusivement les compagnies de 400 employés et plus. Mais pour le classement québécois, on inclut aussi les entreprises de 50 à 400 employés.

À améliorer

Certains aspects du sondage révèlent des points faibles. Ce n'est pas que nous y soyons sous la moyenne canadienne, mais que nous soyons justement dans la médiocre moyenne. Nos employés voudraient que les patrons manifestent plus de reconnaissance (36% en manquent). Ils manquent aussi de moyens de se développer professionnellement (38%). Ils notent que leur patron et eux ne parlent guère de leur plan de carrière (37%). Inversement, 62% des cadres québécois se disent mal outillés pour développer les habiletés de leurs employés.

Nos cadres en ont aussi plein les mains, si on en croit le sondage. Quelque 52% d'entre eux se plaignent de manquer de temps. Pas surprenant que les longues et franches discussions sur les plans de carrière de leurs équipiers soient remises à plus tard.

La haute direction voit-elle ces quelques carences?

«Typiquement, non, répond Andrée Mercier. Ils ont le syndrome des lunettes roses.» Si ça peut vous rassurer, il appert que les lunettes du comité de direction québécois typique sont moins roses qu'ailleurs au pays.