Chaque année, en marge de son étude annuelle sur les Employeurs de choix au Canada, Aon Hewitt s'attarde sur un sujet en particulier.

Cette année, la firme s'est intéressée à l'importance des leaders et le rôle des gestionnaires à l'égard de la mobilisation des employés. Selon Andrée Mercier, vice-présidente principale d'Aon-Hewitt, les résultats sont étonnants.

Dans cette étude où 261 organisations, 112 000 personnes et plus de 2500 membres de la haute direction ont été sondés, Mme Mercier note que la vision des employés et des hauts dirigeants à l'égard des gestionnaires est décalée.

Autre surprise: même s'ils sont appréciés, les gestionnaires n'en sont pas plus heureux. Ils disent, dans une forte proportion, manquer de temps, de soutien et d'outils.

«Le principal facteur qui favorise la mobilisation, c'est l'efficacité des gestionnaires. La corrélation entre la perception d'efficacité des gestionnaires et la mobilisation des employés est de 80%, ce qui est très très élevé. Donc, plus on est perçu comme quelqu'un d'efficace, plus on mobilise notre monde», explique Andrée Mercier.

Par exemple, dans les entreprises où la mobilisation est élevée, 73% des employés considèrent leurs gestionnaires comme étant efficaces.

Ce taux chute à 45% dans les organisations où la mobilisation est faible. Les gestionnaires occupent donc un poste charnière, croit Andrée Mercier.

Efficacité

Un gestionnaire efficace, rappelle la spécialiste en mobilisation des employés, est quelqu'un qui a régulièrement des discussions avec ses troupes.

Il s'intéresse à la qualité du travail de ses employés, mais il cherche à les aider à développer leurs compétences et à élargir leurs perspectives de carrière.

Bref, un bon gestionnaire sachant mobiliser son équipe doit être à l'écoute.

Mais attention, prévient Andrée Mercier: pour qu'un gestionnaire soit efficace, il doit se sentir épaulé.

La corrélation entre le sentiment d'être soutenu et la mobilisation des gestionnaires est de 74%. Or, les gestionnaires ne se sentent pas suffisamment appuyés.

Par exemple, dans les entreprises à forte mobilisation, seulement 52% des gestionnaires disent avoir assez de temps pour discuter avec leurs subalternes.

«C'est un gros problème. Et en plus, nous avons découvert que les gestionnaires manquent de rétroaction de leur propre patron. Qu'ils ne sont pas du tout coachés. Et qu'ils aimeraient avoir encore plus d'outils et de personnes-ressources pour les aider. Ils ne l'ont pas facile», remarque Andrée Mercier.

Plus étonnant encore, note-t-elle, la haute direction a une perception un peu erronée de ses gestionnaires. Par le biais d'un questionnaire, Aon Hewitt a appris que le PDG et sa garde rapprochée jaugeaient mal la réalité de leurs lieutenants.

Dans les entreprises à forte mobilisation, les grands patrons ont une perception favorable des gestionnaires de l'ordre de 87%, contre 73% pour les employés.

Dans les organisations à faible mobilisation, le taux est de 70% pour la haute direction et de 45% pour les employés.

«Ça prouve que les membres de la haute direction ont un angle mort, qu'ils voient les choses avec des lunettes roses. Sont-ils conscients des besoins de leurs gestionnaires? Ont-ils le vrai portrait de la situation, s'interroge Andrée Mercier? S'ils étaient mieux sensibilisés, ils pourraient augmenter les ressources et avoir des attentes plus réalistes. Ce sont les gestionnaires qui écopent; ils sont captifs entre les employés et la haute direction. C'est à se demander si la haute direction a une bonne définition de ce qu'est un bon leader.»