Depuis 2010, Polar Pak connaît un regain d'énergie. Ou peut-être vaudrait-il mieux parler de réduction, parce que le fabricant d'ustensiles et de vaisselle à usage unique a transformé son usine montréalaise de sorte à réduire sa consommation énergétique de 4,5 millions de kilowattheures... l'équivalent de la consommation annuelle de 219 maisons.

« On est gâté au Québec, avec le froid », dit Alain Roucau, le directeur de maintenance chez Polar Pak.

Ces paroles ne sont pas celles d'un masochiste, mais bien du directeur de maintenance chez Polar Pak, une entreprise qui emploie près de 250 personnes à son usine de Saint-Laurent durant les fortes périodes de production.

Il explique que cette froideur est très utile pour refroidir l'huile hydraulique des machines de production. Ce refroidissement est effectué grâce à deux tours d'eau, qui utilisent l'air extérieur. La première a été installée en 2013. La seconde a été mise en marche cette année, en mars.

Leur fonctionnement est ultra simple. Une pompe envoie dans la tour l'eau réchauffée à 35 degrés par l'huile hydraulique des machines. Un ventilateur souffle alors l'air frais, provenant de l'extérieur, sur l'eau chaude. L'eau ainsi refroidi à 26 degrés retourne enfin dans le système pour refroidir l'huile hydraulique des équipements. Le système fonctionne aussi l'été.

Pour faire ce même travail, l'entreprise utilisait auparavant huit refroidisseurs au gaz, des machines énergivores qui utilisent le R22, un gaz réfrigérant néfaste pour la couche d'ozone. Polar Pak désire maintenant les éliminer tous au profit des tours d'eau.

« C'est bon pour l'environnement, ça augmente notre capacité de refroidissement, et en plus, on fait des économies », dit Alain Roucau. Dans le cas de la première tour, par exemple, Polar Pak anticipe un retour sur son investissement en moins de quatre ans.

NOUVEL ÉCLAIRAGE

Ce projet n'est pas le seul qu'a réalisé l'entreprise pour améliorer son efficacité énergétique.

En 2011, elle a complètement renouvelé son système d'éclairage. Elle s'est débarrassée de ses lampes aux halogénures métalliques et de ses tubes fluorescents T12, des technologies vieillissantes, pour les remplacer par des tubes fluorescents T8, modernes et efficaces.

Ici, des gains ont été réalisés non seulement en termes d'énergie réduite, et donc de dollars économisés, mais aussi en termes d'un entretien moindre et d'une qualité d'éclairage améliorée.

« On enlevait dix lumières et on les remplaçait par une seule de la nouvelle génération. En termes d'économie, c'était fort à ce point-là. » - Alain Roucau, directeur de maintenance chez Polar Pak

Polar Pak a également mis en place des systèmes informatiques pour gérer le fonctionnement de ses compresseurs à air.

« En industrie, ce qui coûte le plus cher, c'est de faire de l'air ! », dit M Roucau.

COUP DE POUCE

Pour arriver à mettre en oeuvre tous ces projets, Polar Pak a toutefois reçu un coup de pouce de l'Association québécoise pour la maîtrise de l'énergie (AQME).

L'organisme, qui fait la promotion de l'efficacité énergétique auprès d'organismes publics et privés, aide les PME à mieux maîtriser leur énergie en les accompagnant dans leurs projets.

« On envoie un ingénieur passer huit heures dans une PME avec une liste d'améliorations potentielles qui tient sur une page, et on regarde lesquelles pourraient être apportées », dit Mathieu Gillet, le vice-président au développement de projets de l'AQME.

L'association aide aussi les entreprises à calculer le rendement que pourraient avoir leurs projets. « Depuis huit ans, on a fait 1600 accompagnements avec deux ingénieurs », dit Mathieu Gillet.

Pour Polar Pak, cette assistance a été essentielle.

« À moins d'avoir réalisé de tels projets dans une autre vie, tu ne peux pas te lancer là-dedans tout seul, dit Alain Roucau. Ça demande beaucoup d'expertise. »

Photo Alain Roberge, La Presse

Polar Pak emploie près de 250 personnes à son usine de Saint-Laurent durant les fortes périodes de production.